Doi Ang Khang – les montagnes de l’éternel printemps Thaïlandais
Doi Ang Khang est une montagne située tout au nord de la province de Chiang Mai, non loin de la ville de Fang. Avec un point culminant à 1 928 m, c’est le 15e plus haut sommet de Thaïlande. C’est une montagne assez peu visité du fait de son isolement par rapport aux routes touristiques et pourtant, elle regorge de villages ethniques et de paysages époustouflants.
Tantôt on pourrait avoir l’impression d’être quelque part au Yunnan en Chine, tandis que certains reliefs me faisaient penser au nord du Vietnam. Et avec tout ça, elle possède un climat unique en Thaïlande, avec une température annuelle moyenne de 17,7 °C, rentrant dans la catégorie des lieux (normalement des villes de montagnes) qu’on qualifie d’éternels printemps. Une température parfaite pour échapper à la chaleur parfois étouffante de la Thaïlande.
Royal Agricultural Station, là où tout a commencé
Pendant longtemps, tout comme une bonne partie de la zone du triangle d’or en Thaïlande, Doi Ang Khang était une zone de non droit, où les barons de la drogue faisaient leur loi.
Lorsque le roi de Thaïlande Rama IX prospectait la région afin d’y établir un projet d’agriculture sous patronat royal, il n’avait d’autre choix que d’arriver par les airs pour éviter les routes alors dangereuses. À cette époque, les membres birmans de l’état Shan et les régiments chinois de l’armée du Kuomintang se disputaient sur le contrôle des terres où poussaient des champs de pavots servant à la fabrication de l’opium, le nerf de la guerre, qui servait à financer leurs opérations.
Le but de cette prospection étant justement de mettre fin à cette guerre interminable en proposant des alternatives à l’opium aux paysans de ces montagnes. Le projet lui-même démarra en 1969, et si les échauffourées perdurèrent pendant encore quelques décennies, c’est aujourd’hui le passé et Doi Ang Khang est depuis pacifié.
Le projet royal se visite et se trouve au village principal vers le sommet, Ban Khum. La visite n’est pas gratuite, mais cela reste très abordable puisque le ticket est de 30 bahts par personne auquel il faut juste rajouter une « taxe » de 50 bahts par véhicule.
Véhicule qui s’avère utile si on veut faire le tour complet de la station, car la boucle fait environ 3 km. Après la première ligne droite, bordée par des serres, la visite démarre plus loin par un ensemble de jardins fleuris de part et d’autre de la route.
On y observe des cactus, des arbres dont les noms scientifiques ne me parlent pas forcément tout en montant/descendant les escaliers du jardin. En poursuivant la balade, on longeait une jolie route ombragée bordée de sapins. Sur le côté gauche, se trouve un verger de pêchers tandis que plus loin, on croise une sorte de clairière où vous pourriez voir des mules broutant, attendant les curieux.
Comme c’est une scène assez inhabituelle en Thaïlande, le jour où je passais avec Jitima, elle se laissait tenter par une petite photo. Dans cette clairière, vous pourrez voir des arbres en fleurs si vous y êtes à la bonne saison (vers mi décembre jusque fin janvier).
Plus loin, on arrive au point principale de la station. On y trouve un café/restaurant aux allures de chalet de montagne avec autour, des plantations de choux (ça doit changer selon les saisons).
L’ensemble donne une impression de station de montagne à l’anglaise comme aux Cameron Highlands.
Il y a parfois un marché local avec les tribus du coin qui viennent vendre leur artisanat. Il y a d’ailleurs un autre village au sein même du site (je m’en suis aperçu en regardant Google Maps). La route terminant la boucle repasse devant des vergers produisant différents fruits, poires, kiwis, abricots ou pêches entre autres.
Montagne oblige, il peut faire froid ici durant l’hiver, même en pleine journée. À ma dernière visite un mois de décembre, il faisait un petit 8 °C vers midi ! Sans compter le vent glacial qu’il y avait, on n’était clairement pas assez équipé (juste un pull), Jitima se pelait les miches et on a dû faire plusieurs pauses café pour se réchauffer… Avoir froid en Thaïlande, rendez-vous compte, un comble !
Les villages de Doi Ang Khang
Ban Khum, un village du bout du monde
Ban Khum est le principal village du Doi Ang Khang. C’est là que se concentrent la plupart des commerces : supérettes, salon de thé, guesthouses, restaurants et même un distributeur de billet. Les villageois sont principalement d’origine chinoise, plus précisément appartenant au Kuomintang, ou KMT tout comme à Mae Salong.
À son marché, on peut y croiser des ethnies des montagnes Lahu ou Palaung venant y vendre leur artisanat (bracelets, tissus brodés, etc.). C’était à l’origine un village cultivant le pavot pour l’opium. C’est d’ailleurs sur un ancien champ que se situe l’hôtel principal du village, le Ang Khang Nature Resort.
Khop Dong, l’autre village ethnique
En poursuivant vers le nord, vous trouverez l’entrée sur la droite menant au village de l’ethnie Lahu. C’est celui-ci illustré par la présence du roi en début d’article. C’est là que se trouve l’école principale de Doi Ang Khang. La vue en arrivant au village est superbe puisqu’on peut apercevoir par beau temps la vallée en bas.
Le contraste est assez saisissant quand on voit la manière dont vivent ces gens, dans des cahutes en bois assez simple, alors que juste là en bas, c’est tout de même plus moderne et un monde clairement décalé (même si avec l’assimilation grandissante de ces populations, les différences avec en bas vont s’estomper rapidement avec le temps…).
Ces gens vivent de l’agriculture pour beaucoup, les champs autour sont essentiellement des fraisiers, mais on peut aussi y croiser du maïs ou autre selon la saison. De temps en temps, on croise des petits cochons noirs se promenant là en liberté.
Des femmes sont en train de moudre des grains de maïs tandis qu’une autre confectionne dans son coin des bracelets dans un genre d’osier. Ça donnait droit à une scène un peu cocasse où, alors que je voulais lui prendre des bracelets, celle-ci n’avait apparemment aucune idée de la valeur de son travail… Ou était confuse dans les chiffres à prononcer en Thaïlandais, qui n’est pas leur langue première !
En lui demandant combien cela vaut, alors que son Thaï est très approximatif, la vieille dame me répond d’abord 2 Bahts. Peu sûr de sa réponse, elle répète pourtant 2,2,2… Même moi, je ne me voyais pas lui donner ce montant tellement ça me paraissait ridicule.
C’est alors que ses « collègues » s’affairant avec le maïs ont dit lui dire, alors que je ne comprends pas leur langue, « mais non c’est plus », et j’ai payé chaque petit bracelet 20 Bahts, ce qui reste une broutille.
Ban Nor Lae et la frontière Birmane
Se rendre au Doi Ang Khang, c’est aussi flirter avec la Birmanie voisine. En continuant toujours au nord après le village de Khop Dong, vous atterrirez au village de Ban Nor Lae, situé sur la pointe de la montagne. C’est limite si un côté est en Thaïlande et l’autre en Birmanie.
Vous avez un poste de surveillance au bout du village accessible au public avec un point de vue sur la frontière. Le village lui-même est paisible, avec ceux des environs, c’est l’un des rares villages en Thaïlande où j’ai pu observer des ethnies des montagnes habillés quotidiennement en tenue traditionnelle, en l’occurrence ici des Palaung.
J’ai pu discuter un peu avec une dame assise dehors avec son fils à l’œil coquin tandis que des petits chiots se montraient accueillant, tout un programme !
Si besoin est, tout au bout du village, une genre d’épicerie locale a un peu d’essence pour dépanner (j’étais dans le rouge depuis pas mal de temps une fois et la prochaine station essence n’aurait pas été avant quelque 30 km).
Que faire et voir au Doi Ang Khang
Accéder aux villages est déjà une belle expérience, tant la route y menant est superbe. Mais au-delà du projet royal d’agriculture et des tribus des montagnes, il est aussi possible, pour les plus sportifs, de faire du VTT sur les chemins de piste de la montagne ainsi que des treks (possible avec les mules transportant des charges plus lourdes si vous voulez vous la jouer « aventure » !).
Sinon, en remontant depuis le village principal, vous croiserez d’abord plus haut une sorte de clairière sur votre gauche avec quelques tables et chaises pour se restaurer. Les Thaïlandais viennent là en hiver admirer la mer de nuage recouvrant la vallée tout en sirotant un thé chaud. Vous aurez là aussi parfois un marché local (les weekends).
Mais c’est aussi un point d’accès facile vers un point de vue, à seulement 250 m sur la droite de la route. Il faut normalement inscrire son nom sur un registre, mais l’accès est libre et gratuit.
Plus loin en progressant le long de la route, après le croisement menant au village de Khop Dong, vous avez la visite de la plantation de thé, peu après le village principal, sur la gauche. C’est l’un des points de passage où les visiteurs s’arrêtent. La vue sur les montagnes est sublime et vous pourrez là déguster un bon thé ou à défaut, du café, juste à côté de l’usine de séchage des feuilles de thé.
Selon le jour et l’heure, vous pourrez assister au ramassage des feuilles par les villageois des tribus alentours. En contrebas, vous avez un mini marché avec les produits artisanaux, broderies pour beaucoup à vendre, mais aussi quelques snacks locaux comme de la patate douce grillée.
Enfin toujours plus loin, juste avant Ban Nor Lae, vous aurez sur la gauche un chemin menant vers des plantations de fraise. Vous pourrez d’un côté voir une grande surface recouverte de fraise, que vous pourrez acheter fraîches sur place, en fruit entier ou en boisson ainsi que de l’artisanat local. De l’autre côté, vous aurez une vue partielle sur la Birmanie et le village de Ban Nor Lae.
Se rendre au Doi Ang Khang
Je crains qu’il n’y ait d’autre choix que d’avoir son propre véhicule. Depuis Fang, il vous faudra tourner à droite depuis la route principale 107 pour rejoindre la 1249 qui monte vers le Doi Ang Khang. Depuis Chiang Mai ou Chiang Dao, il est possible d’emprunter un autre chemin en quittant la route 107 pour la 1178 et enfin la 1340 qui monte vers Arunothai puis vers le Doi Ang Khang.
Pour qui ne connaît pas le pays, la route depuis Fang sera la plus simple en terme de direction, car c’est bien indiqué. La montée de 12 km est rude avec de sacrées courbes, attention aux éventuelles voitures tentées de couper les virages. Si vous arrivez par cette route 1249, vous arriverez en haut à un croisement avec un contrôle militaire. Tournez à droite pour passer le point de contrôle et rejoindre directement le village principal.
L’autre option est de continuer tout droit, vous arriverez un peu plus loin en contrebas à un carrefour, que vous croiserez aussi si vous arrivez depuis la route 1340 depuis Arunothai (le Doi Ang Khang étant indiqué sur la droite, mais aussi accessible en y allant par la gauche).
En venant d’en haut, tournez à droite pour longer une belle route, passant par le village de Ban Luang. Une impression de village chinois avec un paysage assez unique en Thaïlande, cette route secondaire est la garantie d’être seul au bout du monde.
La route depuis Arunothai est aussi très belle, le paysage de montagne est particulier sur la partie proche d’Arunothai puisqu’on y croise des rochers sortant de terre telles des objets tombé là.
La route passe par plusieurs petits village de montagne, Sinchai, Ban Tham Ngop (aussi appelé Santi Wana), autre village habité par des anciens du KMT, on y trouve par ailleurs un bâtiment typique du Yunnan, en cercle et entouré d’un mur.
Ce bâtiment était l’ancien quartier général du General Li, qui faisait parti de la 93e division du KMT. Depuis converti en Thom Ngob Inn, celui-ci n’est censé ouvrir que de novembre à mars, mais y étant déjà passé devant en février, je pense qu’il n’est plus ouvert, dommage.
À défaut, une petite pause là reste bienvenue pour apprécier le petit marché local et les sakuras en fleurs si c’est la bonne saison (en février normalement).
Enfin, vous passerez par Ban Pha Daeng au bout duquel vous aurez un point de vue sur les montagnes. Un autre point de vue sera sur votre gauche 7 km avant d’arriver à la bifurcation de la route 1340 évoquée plus haut (peu avant le point de contrôle).
Où loger au Doi Ang Khang
Vous trouverez plusieurs hébergements au Doi Ang Khang, principalement regroupés au village principal de Ban Khum. Vous devriez trouver aussi au moins 2 guesthouses à Ban Luang (le Ban Luang Resort, le seul avec un site internet et donc possible à réserver avant, bien que tout est en Thai et le Ang Khang Remembrance Resort).
L’inconvénient, c’est qu’ils sont tous destinés à la clientèle Thaï, donc à part un numéro de téléphone vous n’aurez pas grand chose pour réserver à l’avance et ce n’est pas garanti qu’il y ait de la place en venant direct pendant la bonne saison.
Autre possibilité, du camping, il y a un camp (qui sert aussi de base militaire) avec vue sur la vallée juste après le point de contrôle au carrefour de la route 1340 et 1249. Celui-ci a été rénové récemment et possède une jolie terrasse avec un café et centre d’accueil.
Si vous n’êtes pas équipé, vous pourrez y louer des tentes et normalement d’autre matos comme des couvertures et tapis de sol pour y passer la nuit (encore une fois, n’oubliez pas qu’il peut y faire bien froid en hiver !).
Peu avant l’arrivée au village principal de Ban Khum, vous croiserez une autre zone de camping située dans les bois en bord de route et il y a également une autre zone un peu plus loin en contrebas (répertoriées zone camping 1, 2, 3 sur la carte en bas d’article).
J’avais pour ma part opté à chaque fois pour la solution facile même si c’est la plus onéreuse. Je réservais via Agoda au Ang Khang Nature Resort que j’évoque plus haut. Géré par le ONYX Hospitality Group (propriétaire de la chaîne d’hôtels Amari entre autres), c’était un hôtel clairement axé luxe.
Malheureusement, ce dernier n’a pas survécu au covid et il a depuis fermé et est resté à l’abandon… Il y a bien quelques petits guesthouses dans le village à côté (comme le Naha Guesthouse) mais la plupart se réserve par téléphone ou des plateformes dédiés aux thaïlandais, donc moins évident…
Une solution alternative étant de dormir à Fang, ou dans un village au pied de la montagne plutôt qu’en haut. C’est en testant cette option avec Jitima qu’on dormait dans un village paumé proche du Doi Ang Khang, au Fhukfang Home stay. Une expérience chez l’habitant dans un village de la campagne Thaïlandaise, même si ceux-ci étaient déjà en train d’agrandir et se rapproche d’un guesthouse plus classique.
Les attractions au Doi Ang Khang sur une carte
Afin de résumer et situer tout ce que je viens d’évoquer dans l’article, voici une petite carte comme j’aime pour vous aider à mieux comprendre. C’est en établissant cette carte que je me suis aperçu qu’il y avait une petite pagode dans le coin. Je vous l’ai indiqué en bonus 😉
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Annie Donadio
Bonjour Romain
Comme d’habitude super intéressantes tes balades et qui souvent tombent à pic pour moi.
Début janvier après Chiang Mai, nous partons dans les montagnes de Chiang Rai, et j’avais repéré le Doi Pha Hom où je voulais faire un arrêt. Formidable j’ai tout noté lol
Par contre le Ang Khang Nature Resort sur Agoda à cette date 135 € la nuit ouf… pas pour nous !
A bientôt
Romain
Bonjour,
En effet un peu cher… mais normal, car c’est la haute saison dans les montagnes en janvier, les Thais aiment bien venir y chercher un peu de fraîcheur, voir la mer de nuage le matin et les cerisiers en fleurs.
Annie Donadio
J’espère trouver moins cher aux alentours car j’aimerai y passer une nuit
Annie Donadio
Salut Romain, notre voyage avance deja 21 jours en Thailande, je ne les ai pas vu passer. En quittant Chiang Mai en janvier, que me conseilles tu, dormir au Doi Hang Kang ou Doi Pha Homg Pok ? J’aurai 2 où 3 nuits pour ces 2 doi.
Merci par avance pour tes conseils
Laura
Vraiment Romain, Bravo pour tes articles. J’ai rarement lu des postes de voyage à la fois si détaillés et si agréable à lire. Et tes photos sont top !
Toujours un plaisir de passer par ici, notamment quand je cherche des infos sur des endroits en Thaïlande hors des sentiers battus (comme Doi Ang Khang).
Romain
Merci beaucoup Laura, c’est aussi toujours un plaisir de se voir récompenser par des messages qui poussent à garder le même état d’esprit et persévérer dans le partage.
Annie
Coucou Romain
C’est marrant de retrouver mes commentaires de 2018.
Je ne me souviens pas pourquoi je n’avais pas finalement pu faire le Doi Ang Khan à cette époque, mais tu vois je n’avais pas oublié, et je vais l’intégrer à notre prochain voyage.
Cordialement
Romain
Coucou Annie,
Un voyage qui aura une saveur particulière après cette longue pause forcée !
Donadio
Ho oui, l’hiver a été long ici.
Mais entre ton site, celui de Mike et quelques groupes, je reste connectée au pays