
Anuradhapura : visite économique et repas chez l’habitant
Anuradhapura fut la capitale du Sri Lanka pendant environs 1 000 ans avant d’être abandonnée suite aux nombreuses invasions des Indiens du Sud et cachée par la jungle pendant des siècles jusqu’au 19e avec l’arrivé des Britanniques.
Pour cette 9e journée au Sri Lanka, on avait planifié cette journée dans cet important site historique, au cœur du triangle culturel. Sauf que nous sentions comme une certaine lassitude pour les vieilles pierres… Pour être plus exact, nombre des monuments à visiter à Anuradhapura sont au final des stupas, des structures similaires sans grande variété visuelle (qui de plus, on retrouve également en Thaïlande, ce qu’on appelle des « chedis »). On partait sans grande conviction avec le sentiment qu’on allait se lasser…
L’autre point non négligeable étant pour des raisons budgétaires, on décidait de faire en sorte de visiter la ville sans avoir à payer le forfait de 30$ (soit 60$ d’économie) pour voir les principaux sites du parc historique. Mais alors, comment faire ? Tomber sur le bon tuk tuk qui comprend notre demande, à savoir « peut-on visiter que les temples gratuits ? »
Visiter Anuradhapura (presque) gratuitement !
Et on peut dire qu’on tombait quand même sacrément bien. On rencontrait notre chauffeur par hasard sur place à la sortie du bus. Dans un premier temps, par « habitude », ce dernier a commencé à nous emmener à l’endroit pour payer les tickets, mais quand on lui a expliqué ce qu’on cherchait, il a dans un premier temps été hésitant mais il finissait bel et bien par nous emmener aux endroits qu’il savait gratuits.
Et le premier arrêt était un important site de pèlerinage bouddhiste puisqu’il s’agit de l’arbre de la bodhi ou figuier des pagodes, aussi appelé arbre de Bouddha en raison de son lien avec l’histoire et la fondation du Bouddhisme.
En effet, c’est sous un pipal (son nom commun ou Ficus religiosa pour son nom latin) que Siddartha Gautama alias le Bouddha, aurait atteint l’illumination à Bodh Gaya en Inde (où nous irons d’ailleurs quelques semaines plus tard, lire l’article ici).

Sur la place devant le temple où se trouve le Jaya Sri Maha Bodhi, l’arbre sacré, appelé en bon français arbre des pagodes ou arbre de la Bodhi (ou simplement Bodhi tree en anglais).
L’arbre de la bodhi : le véritable arbre du Bouddha
La particularité de ce spécimen est qu’il serait issu d’une branche de l’arbre originel rapporté au Sri Lanka par la fille du roi Ashoka, roi dont l’épouse fut à l’origine de la destruction de l’arbre originel sous lequel donc le Bouddha resta à Bodh Gaya, destruction, car elle était jalouse de l’importance que celui-ci accordait à l’arbre en faisant une cérémonie en son honneur chaque année et aussi tout simplement du tout qu’il passait là-bas.
Pour la petite histoire, l’arbre à Bodh Gaya fut au moins détruit par 3 reprises pour diverses raisons, et à chaque fois celui-ci fut replanté à partir d’une bouture de l’arbre ici présent à Anuradhapura, celui à Bodh Gaya est donc bien toujours un descendant de l’arbre originel.
Planté au 3e siècle avant J.C, cela en fait l’arbre planté par là l’homme le plus vieux au monde (et non pas le plus vieux tout court comme j’ai pu lire ailleurs, record lui, largement battu par d’autres), respect vieil arbre !
Le roi Ashoka dont il est question plus haut est à l’origine de l’expansion du Bouddhisme au Sri Lanka et dans toute l’Asie du Sud-Est.







La visite est donc ici, en effet, gratuite… Pour les Bouddhistes… En tout cas, c’est ce que je pense puisqu’en arrivant Jitima annonçant venir de Thaïlande puis moi, comme étant son mari, on nous signale que faire une donation suffit, on sera quitte pour 200 roupies, pas sûr que ce soit le cas pour tous les touristes lambdas… L’arbre est entouré de barrières et le tronc reste inaccessible pour le public.
Le sommet et donc l’arbre est inaccessible au public mais des hommes sont ici pour prendre et déposer les offrandes des fidèles autour du tronc.
Parmi les choses à voir autour de l’arbre, il y a également un temple et on peut aussi voir le mur en pierre originelle qui entourait l’arbre. Plusieurs autres bodhi tree sont disposés autour du site principal, ceux-ci ont pour but entre autres de protéger l’arbre sacrée en cas de tempête (celui-ci a perdu des branches lors de gros orages en 1907 et 1911, pour l’anecdote une autre fut coupée par un déséquilibré en 1929…)
On peut croiser ici des bhikkhunis (moniale), c’est-à-dire des femmes qui ont reçu l’ordination complète suivant un noviciat d’au moins deux ans. C’est un courant qui a été créé à la même époque que le Bouddha (bien que celui-ci y fût réticent considérant la femme comme inférieure religieusement et civilement parlant, ben oui même le bouddhisme est machiste…), sa propre tante ayant été la première, mais il disparut au XIe siècle du moins pour le courant Bouddhiste dit de theravada.
Les bhikkhunis ayant subsistés au sein du courant de tradition mahayana comme en Chine (notamment à Taiwan), en Corée ou au Vietnam, elles ont refait une apparition au Sri Lanka à partir de 1996 et en Thaïlande seulement depuis 2007, mais restent marginales en nombre et soumises à des règles plus strictes encore que les hommes.








Isurumuniya Vihara
Pour la suite du programme de cette journée, notre chauffeur nous emmenait au Isurumuniya Vihara, on avait vu que ce temple n’était de toute façon pas inclus dans le ticket à 30$ et était à payer séparément, comme il n’était pas cher, on avait dit ok pour ce temple (n’oublions pas que nous sommes sur la base d’une visite « gratuite »)
L’entrée du Isurumuniya Raja Maha Viharaya (nom complet indiqué sur le ticket) est de 200 Rs par personne. Il s’agit d’un temple très ancien dont la fondation remonterait au IIe siècle avant JC.
Le temple est connu pour ces sculptures et notamment une représentant deux amoureux, Isurumuni “Pem-Yuwala” (lovers en anglais comme il est indiqué sur la description présente à côté de la pierre, situé dans le petit musée nouvellement apposé à côté du temple, bien que la pierre n’était originellement pas sur les lieux).
Comme le tout est construit autour de ce bout de rocher (qui inclus aussi une sorte de grotte, qui a été aménagée en y rajoutant un bâtiment dans son prolongement, celle-ci contient comme toujours des Bouddhas, des hirondelles y ont aussi élu domicile…) cela a valu à ce temple le surnom de « temple du rocher » d’où la mention Isurumuniya Rock temple que vous pourriez voir dans les guides ou sur les panneaux.
Comme à chaque temple, il faut se déchausser à l’entrée et croyez moi quand il fait une chaleur comme ça vous ne marchez pas vraiment, vous sautillez voire vous courez… En dehors de ça, l’endroit est sympa.
Le temple est composé d’un bassin, d’un Bouddha placé dans une encoche taillée dans la pierre (aujourd’hui entouré de murs), de sculptures à même le rocher, d’autres sont maintenant exposées dans un mini musée juste à côté du bâtiment abritant un Bouddha allongé, ces derniers étant des ajouts récents ainsi que le stupa.
Le monastère ayant lui été fondé par le roi Devanampiya Tissa, il y a de ça plus de 2000 ans. Ce temple a notamment la particularité d’avoir hébergé un temps la relique de la dent à son arrivée au Sri Lanka.

L’intérieur du bâtiment récent est haut en couleur. Ici, l’histoire du temple y est résumée sous forme de tableaux.

Au bout du bâtiment une cavité avec d’autres statues de Bouddha et ses disciples (sauf celle debout tout à gauche).
Ruwanwelisaya et autres Stupas
Après le temple Isurumuniya Vihara, nous allions vers un des stupas les plus imposants d’Anuradhapura et oui, apparemment, c’est gratuit !
Nous voilà donc au Ruwanwelisaya, large de 290m pour 103m de haut (certains sites disent 92m) c’est une des plus grande du monde (La structure de brique la plus large au monde étant le stupa Jetavanarama aussi à Anuradhapura mais que nous ne verrons pas… On ne peut pas tout avoir gratos non plus…).
Chaud chaud à Anuradhapura !
Comme c’est un lieu important, on était étonné que cela soit gratuit puis qu’effectivement personne ne soit venu vérifier si nous avions des tickets, preuve que notre chauffeur savait ce qu’il faisait, et on l’en remercie !
Aux abords du temple, nous voyions de magnifiques grands arbres, puis le chauffeur se gare sur le parking, nous marchons jusqu’à l’entrée où, comme d’hab, il faut se déchausser. Et là ouille ouille ouille, parce qu’il faisait, mais vraiment très très chaud, du moins le sol était carrément brûlant.
D’ailleurs, tout le monde restait à l’ombre. Pour parcourir la distance entre l’entrée et le pied de le stupa, on a piqué un sprint. Je prenais les photos sur les talons (partie la moins sensible…) vite fait avant de me trouver un coin d’ombre.
L’anecdote concernant ce stupa est que sa construction ne s’acheva pas avant la mort du roi Dutugemunu. Son frère, Saddha Tissa, le sachant malade et agonisant fît recouvrir la partie supérieure du stupa avec des chiffons blancs afin de faire croire qu’il a été achevé.
Ainsi, le roi regardait le stupa quotidiennement avec satisfaction durant toute la période où il fut malade et mourut en paix, pensant avoir vu son œuvre achevée…

Le stupa d’origine fut ordonnée par le roi Dutugemunu qui régna dura 24 ans entre l’an 161 et 137 avant JC. Mais après diverses rénovations et personnalisations par d’autres rois celui-ci mesure aujourd’hui le double avec ces 103 m de hauteur pour 290 m de circonférence.
Thuparamaya et Mirisawetiya stupas
Les autres stupas que nous vîmes furent le Thuparamaya qui fût détruit à plusieurs reprises et dont la version actuelle est le résultat de la dernière reconstruction qui a eu lieu pas plus tard qu’en 1862, nous avons juste donc pris quelques photos sans même descendre de notre tuk tuk et continuions notre chemin vers le prochain stupa, le Mirisawetiya.
Ce stupa est aussi l’œuvre du roi Dutugemunu (pour situer ce roi régna entre 161 – 137 avant JC) 2 hypothèses ou plutôt légende circulent comme explication à la création de ce stupa.
La première étant qu’après avoir vaincu le roi Elara qui régnait jusqu’alors (c’était un Tamil, considéré comme indigne de régner au Sri Lanka), il mit une relique de Bouddha dans le sceptre du roi déchu puis alla prendre un bain, en revenant, impossible de bouger le sceptre alors il fit construire le stupa.
L’autre version étant qu’il l’aurait fait construire pour se faire pardonner de ne pas avoir partagé un curry avec la communauté Bouddhiste du coin.
Ce stupa (je n’arrête pas de considérer que c’est une et non un stupa, mais bon apparemment, c’est bien masculin…) est aussi le résultat d’une importante rénovation.

Avant notre prochain temple, on s’arrêtait dans un genre de square où se trouvait ses petites en train d’ouvrir des boutons de fleur de lotus qui servent aux offrandes.

Thuparama, encore un exemple de structure appelé « Vatadage » (littéralement sanctuaire circulaire) comme celui de Polonnaruwa, typique du Sri Lanka. Vatadage datant du 1er siècle avant JC dont il ne reste aujourd’hui que les poteaux et le stupa en son centre. Structure qui recouvrait auparavant le stupa, ce fut le premier à être construit après l’introduction du bouddhisme au Sri Lanka La structure est très similaire à celle de Lankaramaya aussi à Anuradhapura..
Nous voilà ensuite au Mirisavatiya Dagaba. Dans une tentative de la restaurer dans les années 80, la structure s’écroula détruisant notamment le haut de la Vahalkada (connu sous le nom de frontispice en français et qui désigne les éléments qui encadrent et décorent la façade principale d’un grand édifice, ici, ce sont des blocs normalement disposés aux quatre coins cardinaux dans le but d’embellir, mais aussi avec l’ajout d’une dalle en pierre permettant de poser des fleurs et autres offrandes, mais je l’ai déjà dit, je crois ?).
Le stupa tel qu’il est aujourd’hui date de 1993, recouvrant le reste de celui d’origine qui mesurait 51 m pour 61 de diamètre (d’après les relevés d’un étudiant britannique au XIXe siècle) contre 59 m de haut pour 43 de diamètre de nos jours.
Rizières et repas chez l’habitant
Pour la fin de cette journée de visite, alors que notre chauffeur nous proposait au passage de venir manger chez lui, il nous emmena voir le jardin royal, ou Ranmasu Uyana, situé au bord de la réserve d’eau de Tissa Wewa qui servait à l’irrigation.
Connu sous le nom de jardin royal aux poissons rouges ou jardin royal des plaisirs (Royal Goldfish Park ou Royal Pleasure Garden pour les anglophones) Situé juste au nord du Isurumuniya Rock Temple (au bord du réservoir de Tissa wewa), le jardin comporte des bassins, une grotte, des gravures dont une surnommée « stargate » (porte des étoiles ou Sakwala Chakraya localement) en raison de son caractère étrange avec sa forme en cercle rappelant une carte du monde. Il y a aussi ce qui aurait servi de « vestiaire » à la famille royale qui est en excellente condition aujourd’hui, voir quelques photos des lieux ici.
Commençant un peu à se lasser des ruines, la chaleur nous assommant et pensant qu’il ne s’agissait que d’un « simple » jardin, nous nous contentons de prendre quelques photos d’un champ de riz avec 2 gars au boulot avant de repartir… à regret pour ma part en voyant les photos, un conseil allez-y faire un tour !

Nous passons devant le stupa Dakkhina qui est resté inachevé, mais aurait, a priori, été le plus grand Stupa du Sri Lanka si terminé, c’est con…
Repas chez une famille Sri Lankaise, acte I
Après cette petite séance d’observation de la vie locale, notre chauffeur qui manifestement avait faim avait déjà démarré le tuk tuk et était prêt à partir. Nous arrivons à sa maison, la foi, il a l’air de plutôt bien gagner sa vie, car la maison bien que manquant de déco à l’intérieur est plutôt de bonne facture.
On se lave les mains puis on nous présente tous les plats qui nous sont amenés sur la table, tous préparés par la femme de notre chauffeur. Du curry évidemment et des plats de bœuf en sauce, des pommes de terre. Le riz utilisé était particulier de par son odeur, très forte, un peu une odeur d’égout qui laissait une drôle d’impression…
Mais en dehors de ça, c’était plutôt bon mais assez étrange comme ambiance, car si notre chauffeur grignota un peu, on mangea plutôt tout seuls.
On discutait un peu de la vie ici, et après avoir pris la photo souvenir, il nous ramena au bus, car nous repartions donc vers notre hôtel à Dambulla. On paya pour la journée, repas inclus, 2000 roupies, une bonne affaire pour une bonne journée à tarif réduit !

La famille qui nous a offert ce repas. À gauche, la mère le chauffeur avec 3 de ces petiots, la mère des enfants et l’aîné. Il s’avère que la famille était musulmane et non bouddhiste donc pas de porc au menu, mais du bœuf, tant mieux ça me changeait un peu.
Le bus nous coûta 360 roupies, différent de l’aller où nous avions d’abord pris un bus à 180 roupies puis un van à 40 roupies et enfin un bus local à 20 roupies…
Une fois revenu, après un peu de repos et surtout une bonne douche, c’était déjà le soir.
Repas chez une famille Sri Lankaise, acte II
Nous voilà donc encore chez l’habitant, on comprendra qu’en fait, son salon fait office de « restaurant » alors qu’elle nous montre un panneau devant la route (Disni Village ! Chouette nom !).
Et sans surprise alors qu’on venait donc d’en manger un à midi « mais quel est donc le met de ce soir » nous nous posons comme question en rigolant, connaissant évidemment la réponse… Du curry.
Cela nous coûta 670 Rupies, mais c était pas terrible puisqu’on pouvait aisément comparer avec notre déjeuner à Anuradhapura qui était bien meilleur. Mais bon, c’était un repas à la locale donc toujours une expérience amusante…
annelaure
bonjour comment avez vous trouvé ve chauffeur de tuk tuk qui vous a trouvé les endroits gratuits ? devant le site ?
vous lui avez demandé de vous orgniser un repas chez lui ? merci d’avance
Romain
Bonjour,
L’info n’était effectivement pas clair donc je viens de l’ajouter, on a rencontré le chauffeur sur place à la sortie du bus, comme c’est souvent le cas dans ce genre de lieux, vous vous faites abordés par les taxis locaux prêt à servir les touristes qui cherchent généralement un moyen de transport pour la journée. On a eu un gros coup de bol de tomber sur lui !
Par contre, comme évoqué dans l’article, c’est lui de sa propre initiative qui décidait de nous inviter à manger, on avait pas prévu ni suggéré quoique ce soit en ce sens.