Talat Noï à pied : un itinéraire hors des sentiers battus à Bangkok
Bienvenue à Talat Noï, un quartier historique et méconnu de Bangkok qui ne manque pas de charme. Si vous cherchez à sortir des sentiers battus et à découvrir une facette authentique de la ville, vous êtes au bon endroit. Dans cet article, je vous propose un itinéraire à pied pour explorer Talat Noï et ses trésors cachés. Des magasins de pièces détachés, aux temples en passant par les ruelles étroites et les maisons anciennes, il y a tant de choses à découvrir dans ce quartier hors des sentiers touristiques. Prêt à partir à l’aventure ? Suivez le guide !
Talat Noï, le quartier chinois méconnu de Bangkok
Le quartier chinois de Bangkok est bien connu des visiteurs de la capitale thaïlandaise, avec des attractions populaires telles que le Wat Traimit, Sampang Lane, et bien sûr, son artère principale, Yaowarat Road, qui s’anime le soir pour devenir le paradis de la street food. La rue adjacente, Charoenkrung Road, est aussi intéressante, bordée de nombreux magasins, et d’une importance historique indéniable.
Que vous suiviez Yaowarat Road ou Charoenkrung Road, vous atterrirez devant la grande porte de Chinatown, qui jouxte le fameux temple du Bouddha d’or (l’autre nom du Wat Traimit). Mais peu s’aventurent au-délà, c’est pourtant là que vous entrez dans le domaine de Talat Noï, l’un des plus anciens quartiers de Bangkok, caché à la vue de tous. Pourtant à seulement quelques minutes de marche de l’avenue Yaowarat, vous découvrirez une autre facette du quartier chinois de Bangkok. Talat Noï fait concrètement partie intégrante du quartier chinois, qui englobe tout le district de Samphanthawong. Il comprend toute la zone au sud-est de Chinatown, dans une bande coincée entre le Chao Phraya et le canal Phadung Krung Kasem (qui longe la gare de Hua Lamphong).
Si vous n’êtes pas fan du brouhaha, de la foule grouillante et du tumulte qui peut régner dans le quartier chinois, alors Talat Noï offre une alternative paisible à l’agitation de Yaowarat. Ici, c’est comme si la vie se poursuivait sans être affectée par le Bangkok moderne, en pleine expansion et en perpétuelle croissance, qui menace de l’engloutir. Un oasis de tranquillité, prisée des Thaïlandais qui viennent s’y ressourcer, notamment dans l’un des petits cafés pittoresques disséminés dans le quartier. Le quartier de Talat Noï abrite aussi plusieurs bâtiments et temples historiques, de charmantes maisons de commerçants (ce qu’on appelle des « shophouses ») et de pittoresques ruelles anciennes parsemées de peintures murales, ce qui en fait un coin prisé des photographes, avis aux amateurs !
En somme, Talat Noï est un quartier qui sort de l’ordinaire, propice à l’exploration à pied grâce à sa configuration particulière. Bien que souvent négligé au profit de Yaowarat, plus célèbre, il regorge d’attraits qui sauront, je l’espère, vous captiver. Soyez curieux et partez à la découverte des charmes du vieux Bangkok en suivant cette visite à pied de Talat Noï. Une carte détaillée de l’itinéraire est disponible en faisant défiler la page jusqu’à la fin. Pour profiter au mieux et être bien placé pour visiter ce quartier, je vous recommande de séjourner au bord de la rivière, vous y trouverez sans aucun doute le meilleur hôtel de Bangkok.
Histoire de Talat Noï
À la chute d’Ayutthaya en 1767, les Portugais sont les premiers à s’installer sur la zone composant aujourd’hui Talat Noï, où ils établissent le premier port de la future Bangkok. Lorsque la capitale change de rive pour passer de Thonburi à Rattanakosin en 1782, les différentes nationalités qui composent alors la ville se répartissent dans la nouvelle zone urbaine. Les Chinois, occupant l’espace où va se construire le Grand Palais, se déplacent dans ce qui va devenir Chinatown et Talat Noï, où se trouvent, en plus des Portugais, des Vietnamiens, des Indiens et une communauté musulmane.
Au fil du temps, la population chinoise (essentiellement d’ethnies Hokkien et Hakka) croît en raison de l’afflux continu d’immigrants venus de Chine pour travailler dans les entrepôts et les usines de la zone portuaire. La communauté chinoise domine ainsi la vie économique et culturelle de Talat Noï, supplantant les autres communautés et faisant de ce quartier un lieu à part entière de la ville de Bangkok. Les communautés musulmanes et indiennes se répartissent alors de l’autre côté de la rivière et aux extrémités de Chinatown, tandis que les Portugais se regroupent autour de l’église de Santa Cruz, un quartier aujourd’hui connu sous le nom de Kudee Jin.
Pendant plus de 150 ans, Talat Noï est le centre du commerce maritime jusqu’à l’ouverture en 1951 du Bangkok Port dans le quartier de Khlong Toei, qui évite aux cargos de remonter la rivière sur plus de 18 km. Avec le déclin du port, les nombreux travailleurs locaux se reconvertissent et créent des entreprises de pièces détachées de voitures d’occasion dans la zone qui deviendra connue sous le nom de « Sieng Kong ».
Aujourd’hui, l’importante communauté chinoise de Chinatown a conservé une grande partie de son identité, incluant sa culture, ses croyances et sa cuisine. Les petites ruelles de Talat Noï regorgent de vieilles boutiques où s’empilent tellement de pièces mécaniques qu’on se demande comment ils s’y retrouvent. Comme c’est une zone à la base multiculturelle, on y retrouve plusieurs temples et sanctuaires, ainsi qu’une église chrétienne, Holy Rosary Church, vestige des Portugais initialement présents ici. Explorer Talat Noï est l’occasion idéale de découvrir un aspect de Bangkok souvent méconnu des visiteurs et de passer une journée enrichissante à la découverte de cette communauté multiculturelle.
Itinéraire pour découvrir Talat Noï à pied
L’itinéraire commence idéalement au Wat Traimit, qui se trouve à seulement dix minutes de marche de la gare de Hua Lamphong. Juste à côté se trouve la porte de Chinatown, également connue sous le nom d’Odeon Circle, qui symbolise l’entrée de Chinatown. Vous pouvez après faire un arrêt au Wat Pathum Khongkha avant de vous plonger dans les rues de Siang Keng, où vous croiserez de nombreux ferrailleurs et mécaniciens en herbe. Pour une pause brunch, rendez-vous dans la maison rénovée de Hong Sieng Kong, au bord du fleuve. Ensuite, jetez un œil au temple voisin, Zhou Song Gong Shrine, l’un des plus anciens de Talat Noï. En vous rendant vers la curieuse Sol Heng Tai Mansion vieille de 200 ans, vous passerez devant l’iconique Fiat 500 rouillée, devenue une image de référence à Talat Noï, avant de rejoindre le sanctuaire Rong Kuak au bord de la rivière.
Découvrez l’art de rue de Talad Noï dans l’allée Trok San Chao, juste après le sanctuaire de Rong Kueak, où vous aurez la possibilité de faire une pause caféinée au Mother Roaster Talad Noi. Vous pouvez enfin passer devant l’église historique Holy Rosary et profiter de la climatisation au River City, un petit centre commercial dédié aux artistes locaux (peintures et sculptures). Pour terminer l’itinéraire, longez la rue emblématique de Charoen Krung et passez devant le Wat U Phai Rat Bamrung, cela complétera la boucle. Il est également possible de réaliser l’itinéraire en sens inverse, en particulier si vous arrivez par le ferry à Si Phraya Pier. Une autre conclusion intéressante est de se rendre au River Vibe Restaurant and Bar pour admirer la vue sur la rivière depuis son toit, non loin de Hong Sieng Kong.
1- Wat Traimit (temple du Bouddha d’or)
Le Wat Traimit est un temple bouddhiste situé dans le quartier chinois de Bangkok. L’aspect globale du temple n’est pas bien notable, si ce n’est cet élégant et imposant bâtiment recouvert de marbre, construit en 2010. Son attrait réside surtout dans son contenant, le célèbre Bouddha d’or (officiellement intitulé Phra Phuttha Maha Suwana Patimakon), une image de Bouddha dont le surnom évident vous indique sa composition, de l’or massif. Cette statue en position assise de 3 mètres de haut pèse ainsi 5,5 tonnes et est considérée comme la plus grande image de Bouddha en or massif au monde. Si cela n’est pas assez impressionnant, l’histoire de sa découverte est encore plus remarquable.
La statue de Bouddha, qui remonte à plus de 700 ans, est originaire de Sukhothai, comme en témoigne son style architectural. Transférée à Ayutthaya au XVe siècle, elle a été recouverte de plâtre pendant les invasions birmanes à la fin du XVIIe siècle pour la protéger et passer inaperçue. Restée cachée sous cette couche de plâtre, elle a été épargnée par les pillages et elle a ensuite été transportée à Bangkok, où le nouveau roi du Siam (Rama I), fondateur de la dynastie Chakri, avait lancé la construction des premiers temples dans la nouvelle capitale naissante. Ce dernier avait alors ordonné le rapatriement de nombreuses anciennes statues de Bouddha provenant de temples en ruine à travers le pays afin de les préserver.
Arrivée par bateau via le Chao Phraya, la statue, alors considérée comme de moindre importance, est restée dans l’ombre dans un temple mineur pendant plus d’un siècle. Ce temple, qui se trouvait sur l’actuel The Asiatique est devenu vétuste, puis est abandonné. La statue se voit alors être attribué au Wat Traimit en 1935, alors qu’un petit temple sans importance aux porte de Chinatown. Restant dehors sous un simple toit en tôle, faute de budget pour l’abriter, le temple finit par construire un viharn, complété en 1955. Lors du transfert pour la soulever et la placer sur son socle, la corde rompt et la statue tomba, endommageant le plâtre. C’est en évaluant les dégâts le lendemain, personne n’osant s’en approcher sur le moment, car perçu comme un mauvais présage, qu’on remarquera un revêtement brillant, révélant la véritable constitution de cette statue inestimable, dont la véritable identité resta oublié pendant 200 ans.
2- Chinatown Gate (Odeon Circle)
Après la visite du Wat Traimit, dirigez-vous vers Odeon Circle, plus communément appelé la porte de Chinatown. Cette porte à l’architecture chinoise colorée, qui fait office de rond-point, a été construite pour le 72e anniversaire du roi Bhumibol (Rama IX) en 1999. Le terme « Odeon Circle » fait référence au cinéma Odeon qui se trouvait auparavant sur le site. Un autre nom autrefois donné était « tête de dragon », car la porte se trouve à l’entrée de la route autrefois connue comme « Dragon Road » ou Thanon Mangkon, devenue Yaowarat. C’est un symbole et l’un des points de repère du quartier chinois de Bangkok, ainsi qu’un emblème du district de Samphanthawong.
Deux statues de lion en jade blanc gardent la porte du quartier chinois, elles ont été offerte par le gouvernement chinois en 2007 pour le 80e anniversaire de Rama IX. Une autre statue, cette fois d’un lapin, l’année de naissance du roi, sera également offerte par la Chine pour marquer ses 84 ans. Depuis la porte du quartier chinois, vous pouvez rejoindre l’avenue Yaorawat, connue pour ses stands de nourriture le soir venue, ou longer Charoen Krung Road, autrefois connue sous le nom de New Road. Mais dans notre cas, c’est la rue Tri Mit Road qu’il vous faudra suivre pour arriver au point suivant, le Wat Pathum Khongkha.
3- Wat Pathum Khongkha
Le temple en lui-même n’est pas d’une architecture particulièrement mémorable. Toutefois, il est situé dans une rue avec un bel alignement de maisons de commerce chinoise, et il est situé juste à côté de la rue Phanurangsi, qui marque votre porte d’entrée vers la zone de Sieng Kong. Il possède aussi une histoire intéressante, alors que c’est l’air de rien l’un des plus ancien temple de Bangkok, datant même de l’ère d’Ayutthaya. Rénové par le frère du roi Rama I, il devient alors un temple royal de seconde classe au début du XIXe siècle et nommé Wat Pathum Khongkha qui peut se traduire par « temple des lotus sur la rivière ».
C’est sur son sol que sera exécuté le frère rebel du roi Rama III (dont la pierre sur laquelle la sentence a été appliqué est préservée). La proximité avec la rivière Chao Phraya adjacente en faisait aussi un site important pour les crémations royales mais aussi pour les éléphants blancs, animaux exclusifs au roi dont il fut par ailleurs symbole du drapeau siamois entre 1855 et 1916.
4- La zone de Sieng Kong
En suivant la Soi Panurangsi, vous arriverez à un embranchement avec à gauche, une rue appelée Soi Wanit 2. Vous entrez alors dans une zone remplie de petits ateliers vendant des pièces détachées de voitures et de la ferraille. Vous voilà officiellement dans la zone de Sieng Kong ! Le nom est dérivé du Teochew, un dialecte chinois, où Sieng signifie « dieu » et Gong, « oncle ». Bien que le nom n’ait rien à voir avec les pièces autos d’occasion, il est aujourd’hui synonyme de commerce de pièces détachées.
Avant la Seconde Guerre mondiale, les marchands du coin démontaient et réparaient des vélos essentiellement, mais suite à la guerre, beaucoup de véhicules ont été mis hors service. Le business s’est alors d’autant plus renforcé qu’auparavant, il était nécessaire de commander les pièces détachées depuis le Japon, et recycler les pièces disponibles sur place s’est donc vite avéré lucratif.
Pour les personnes appréciant la photographie de rue comme moi, c’est un véritable petit paradis visuel. Il y a un côté sale et bordélique alors que ça regorgent de piles de rouages et de pièces de moteur noircies et huileuses qui dégringolent sur les trottoirs. Les mécaniciens s’affairent dans de petites boutiques ouvertes, entourées par tellement de métal qu’on se demande comment ils s’y retrouvent.
En vous enfonçant dans la petite rue Soi Chew Su Kong, vous allez croiser le café branché de Hong Sieng Kong, aménagé dans un ensemble de maisons d’époque, superbement rénovées dans son emplacement idyllique au bord du fleuve. C’est l’un des derniers crée dans la zone, qui petit à petit d’ailleurs, se transforme en coin sortie détente, et les boutiques de ferrailleur pourraient bien disparaitre pour laisser leur place à des restaurants sur un plus long terme. C’est d’ailleurs le cas pour le voisin, une grande baraque en bois qui était lors de mon dernier passage, en cours de rénovation pour certainement devenir un autre lieu aux papilles.
Juste à côté, vous avez un important sanctuaire chinois qui porte le nom de la rue précédemment empruntée, Chow Sue Kong Shrine (dont la retranscription sur Google Maps est Zhou Song Gong Shrine), dédié à l’éminent médecin chinois, Chow Sue Kong, apprécié de son vivant pour sa connaissance des plantes et herbes médicinales dont il testait les mélanges sur lui avant de les proposer en remède à ses malades. Construit en 1804, ce temple est l’un des plus anciens temples de la communauté chinoise hokkien de Talat Noï.
Jouxtant le temple, il y a un autre café testé récemment, qui propose aussi des chambres d’hôtes, le Photohostel & Photocafe, et encore à côté, vous avez le fameux River View Residence, en haut duquel se trouve la terrasse du restaurant River Vibe Restaurant and Bar mentionné plus haut.
5- The So Heng Tai Mansion
En tournant à gauche après le River Residence, vous tomberez quelques mètres plus loin sur un magnifique arbre sacré, entouré de rubans colorés. Il se trouve à l’angle d’un embranchement. Si vous continuez tout droit au niveau de l’arbre (ce dernier étant alors sur votre droite), vous reviendriez sur Soi Wanit 2, je vous invite à prendre la petite rue donnant sur la droite, après quoi vous verrez une vieille Fiat 500 posée là et oublié contre le mur, devenu un spot très prisé pour Instagram et illustre la vibe que procure Talat Noï.
Encore quelques mètres plus loin et vous tombez sur une porte rouge à la forme arrondie, typique des anciennes demeure chinoise, vous voici à l’entrée de So Heng Tai Mansion. C’est une rareté à Bangkok – un trésor caché qui ne demande qu’à être découvert. Franchissez les portes d’entrée ornées et pénétrez dans une cour qui pourrait vous laisser dubitatif. En effet, vous aurez au milieu de la cour un bassin, ou plutôt une piscine.
S’agit il donc d’un petit guesthouse au cœur de Talat Noï ? En fait non, ici à deux pas du fleuve Chao Phraya, vous avez ce qui fait office de centre de plongée sous-marine. Oui Oui. Installé dans l’une des plus anciennes cours chinoises de Bangkok, le So Heng Tai Mansion gère une école de plongée ainsi qu’un petit café sur place. La création de cette piscine dans ce lieu historique avait d’ailleurs fait débat à l’époque, mais c’est la solution qu’a trouvé le propriétaire, pour obtenir des revenus et maintenir l’ensemble des quatre maisons entourant la cour et formant la So Heng Tai Mansion.
Elle a été construite par un membre du clan So, Phra Aphaiwanit (1813-1849), un Chinois de l’ethnie Hokkien, originaire de Fujian qui a fait fortune en Thaïlande en devenant détenteur d’une concession gouvernementale pour collecter des nids d’hirondelle, un mets toujours prisé et cher de nos jours. La maison a par la suite été transformée en un centre financier pour permettre aux nombreux Hokkien installés en Thaïlande d’envoyer leurs revenus à leur famille restée en Chine. Aujourd’hui, la maison est toujours habitée par ses descendants, dont une branche qui forme aujourd’hui la famille Posayajinda. C’est l’une des dernières maisons chinoises traditionnelles de Bangkok et elle prétend être la plus ancienne résidence privée de la ville.
Malgré un coût de maintenance de 150 000 bahts mensuel, il a déjà refusé des offres d’achats conséquents et garde la maison familiale dans l’espoir de la préserver, alors qu’elle se rapproche de son bicentenaire (en 2047). Si le centre de plongée, lancé en 2004, est aujourd’hui peu utilisé, il s’est converti vers ce qui est à la mode, il est donc possible de se prendre un petit café en se posant sur la terrasse aménagée au 2e étage de l’une des maisons sur le côté, qui donne sur le bassin de plongée et la cour centrale. Avec ses toits légèrement incurvés, ses touches de rouge vif, ses portraits d’ancêtres et ses porcelaines colorées qui ornent les murs, la maison est un magnifique musée vivant.
Petit Update : ils demandent maintenant un tarif d’entrée de 50 bahts si vous ne comptez pas prendre de boissons
6- Rong Kueak Shrine
Si vous ressortez et continuez dans la même direction, donc à gauche de la So Heng Tai Mansion, vous tomberez sur un restaurant un peu caché, situé au bord de la rivière et aménagé dans ce qu’il reste de vieux entrepôt bicentenaire. La seule fois où j’ai voulu le tester, on s’est ravisé, car en regardant le menu, on trouvait les prix abusés. Pour donner un ordre de grandeur, un plat basique comme le sauté aux feuilles de basilique, qu’on trouve généralement dans les 70-80 bahts avec un œuf au plat, ici au Baan Rim Naam, il vous faudra débourser 250 bahts, soit 3x le prix normal. Si vous êtes dans le mood et que le cadre, charmant il est vrai, vous convient, alors c’est peut-être l’occasion de faire un break déjeuner.
Peu après, vous arrivez devant la cour d’un petit sanctuaire chinois, oui, encore un. Cette fois, il s’agit d’un sanctuaire construit par des Chinois de l’ethnie Hakka. Son nom est un clin d’œil au passé, lorsque le quartier abritait des forgerons fabriquant des fers-à-cheval. Avec ses sculptures exquises sur le toit et ses peintures murales usées sur les murs extérieurs, le sanctuaire est un témoignage du style architectural Hakka. L’une des particularités de ce sanctuaire, c’est d’avoir une porte octogonale donnant sur le côté du site (ces dernières étant plus généralement rondes). L’intérieur abrite la statue de Hon Wong Kung, premier empereur de la dynastie Han de Chine (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), qui est réputé pour accorder la bonne fortune. Il est de ce fait particulièrement populaire durant le nouvel an chinois (même si cette remarque reste valable pour bon nombre de sanctuaires chinois).
Une année où l’on s’y était rendu autour de la période du nouvel an justement, un petit marché était organisé le weekend dans la cour même du temple. Il est aussi au bord de la rivière, à côté d’un des arrêts du Chao Phraya Express (Marine Department). Vous avez vue sur l’Icon Siam, l’hôtel Millenium et son fameux bar, le ThreeSixty Rooftop Bar.
7- Street Art dans l’allée San Chao Rong Kueak
En repartant sur la droite après Rong Kueak, vous traverserez la ruelle qui porte le nom de ce sanctuaire, San Chao Rong Kueak. Elle est populaire pour abriter un certains nombre de peintures murale dépictant des scénettes propres à l’histoire de Talat Noi et Chareoen Krung (première rue de Bangkok qui passe non loin de là pour rappel). Si vous n’avez toujours pas fait de pause café jusqu’alors, voici du coup une adresse intéressante, Mother Roaster Talad Noi. C’est la première grande maison ancienne que vous croiserez sur la gauche, avec justement un ensemble de street art sur sa façade.
Ne vous laissez pas avoir par le bordel apparent juste derrière l’entrée, ça fait a priori partie du concept, suivez les panneaux menant à l’étage, où le café est aménagé. J’apprécie particulièrement ce genre de concept qui permet de faire revivre ses vieilles demeures un peu oubliées avec le temps. Pour en revenir vite fait aux street-arts, vous en verrez de tous les styles, certains plutôt enfantins et d’autres plus travaillés et stylé. L’avantage de cet art de rue, c’est que ça évolue et donc, vous pourriez avoir de nouveaux « tableaux » par rapport aux quelques-uns que je vous mets ici en photos.
Un autre exemple de café à la mode, aménagé dans une ancienne maison chinoise que j’avais repéré quelques années plus tôt, encore à l’abandon, c’était le populaire Patina, l’un des premiers qui a investi la zone de Sieng Kong. Malheureusement je dis c’était car il a fermé après deux années de service…
8- Holy Rosary Church
Une fois de retour sur la petite Soi Wanit 2, il vous reste une petite centaine de mètres pour arriver devant le portail menant à l’Holy Rosary Church, ou en bon français : l’église du Saint-Rosaire de Bangkok. Celle-ci fait partie intégrante d’une école catholique, car elle se trouve dans la cour de cette dernière, séparée de la rivière par des terrains de basket et de foot, un emplacement qui me semble tellement hors du temps aujourd’hui.
La première version de ce bâtiment religieux a été établie peu après la chute d’Ayutthaya, lorsqu’un groupe de Portugais s’est installé ici dans la zone de Talat Noï. Une première église en bois et sur pilotis y a été construite vers 1787. Pour l’anecdote, s’il existe deux églises construites sous l’égide des Portugais (avec Santa Cruz de Kudee Jin donc), c’est parce que les missionnaires étaient alors dirigés par un prêtre français de la Mission française. Hors, une faction était alors apparemment en désaccord avec ce dernier et s’est installée sur l’autre rive du Chao Phraya. Malheureusement, s’ils avaient bien une église, ils n’avaient pas de prêtre résident donc ces derniers se retrouvaient à célébrer la messe à Santa Cruz de toute façon… Il faudra attendre 1822 pour réparer ce tort. Par la suite, facilement abîmée avec le temps, une seconde version mélangeant une base en pierre et des murs en bois, y est établie à la place en 1838.
À cette date, la communauté portugaise s’était déjà bien dispersée et la plupart des fidèles étaient des commerçants Chinois. Tombé en ruine en 1890, notamment à la suite d’un incendie en 1864 qui a détruit les bâtiments adjacents, le père Desalles engage la construction du bâtiment actuel, de style néogothique, à partir de 1891 et sera consacré en 1897. L’église est aussi connue sous le nom de Kalawar, une référence au terme portugais calvario, qui désigne le mont Golgotha, ou le calvaire de Jérusalem.
Il y a à côté un autre bâtiment historique appartenant à la Siam Commercial Bank (qui a gardé d’ailleurs plusieurs anciennes maisons dans ce style, réparties dans la ville), première banque thaïlandaise. La succursale de Talat Noi est la première et la plus ancienne succursale bancaire de Thaïlande puisque toujours en activité ! Construit en 1908 dans un style Beaux-Arts très à la mode à l’époque, le bâtiment est l’oeuvre de l’architecte italien Annibale Rigotti.
Le choix de cet emplacement n’est pas anodin et démontre à quel point Talat Noï était autrefois un important centre névralgique. En plus d’être une zone portuaire très active, c’était aussi le lieu de résidence de nombreux hommes d’affaires chinois qui avaient établi des services commerciaux autour des zones de Song Wat, Sampheng et Yaowarat. Entourée d’une belle pelouse, au bord de la rivière, cette banque est d’une beauté élégante et jouit d’une position privilégiée. Je ne le mentionne que vite fait car personnellement, je ne savais pas qu’on pouvait la visiter, mais vous pouvez vous y rendre pendant les heures normales d’ouverture de la banque.
9- Wat U Phai Rat Bamrung (Chùa Khánh Vân)
Nous arrivons enfin à la dernière visite, qui reste la plus optionnelle puisque qu’après l’église, vous pouvez rejoindre River City et prendre un bateau ou revenir le long de Charoen Krung jusqu’au métro Saphan Taksin. Si vous faites une boucle en revenant plutôt vers le MRT Hua Lamphong, alors vous pouvez passer au Wat U Phai Rat Bamrung, en repassant par Charoen Krung mais dans l’autre sens comme pour revenir vers le Wat Traimit.
Le Chùa Khánh Vân est l’un des premiers temples vietnamiens en Thaïlande, construit à la fin du 18e siècle. Plusieurs rois de la dynastie Chakri ont entretenu des liens étroits avec la communauté vietnamienne, s’entraidant lors de plusieurs conflits régionaux indochinois. C’est ainsi que le temple a reçu le patronage royal dès Rama IV, puis par son successeur, Rama V, qui fera par ailleurs dont de l’arbre de la Bodhi qu’on peut admirer à côté du portail d’entrée.
Le temple mérite bien un petit coup d’œil, car si d’ordinaire il est assez courant de croiser des sanctuaires chinois, c’est plus rare d’en voir des Vietnamiens. En termes d’architecture, c’est un mélange entre celle des temples thaïlandais pour la forme, et les couleurs chatoyantes d’un temple chinois justement, une combinaison plutôt atypique.
Se rendre à Talat Noï
Comme toute visite à Bangkok, il est recommandé de commencer tôt afin d’éviter la possible chaleur étouffante de l’après-midi et de disposer de suffisamment de temps pour explorer la zone, qui pourrait prendre plus de temps que prévu. Prévoyez au moins une demi-journée pour une visite au rythme détendue, avec des pauses pour se reposer et boire. Bien que l’itinéraire proposé couvre les principaux points d’intérêts, n’hésitez pas à vous aventurer dans les petites rues adjacentes, qui regorgent de scènes de vie intéressantes.
Carte de la balade à Talat Noï