Miyama : nuit dans un Ryokan et visite d’un village aux toits de chaume
L’objectif principal de cette journée était de passer un moment au village aux toits de chaume de Miyama, plus précisément Kayabuki-no-Sato. En voyant des photos sur le net, j’étais tombé sous le charme de ce village dans les montagnes, avec ces maisons typiques utilisant un épais manteau de chaume pour se couvrir des hivers rigoureux.
Comme ce n’était pas si loin de Kyoto, notre point de ralliement principal et vu notre programme des visites la veille (d’Amanoshidate à Ine), cette visite se combinait parfaitement pour ce premier séjour au Japon.
Expérimenter un ryokan au Japon
Il se trouve que peu avant de partir, j’avais jamais entendu parlé de roykan au Japon… Mais en surfant sur les blogs des « collègues » pour me renseigner sur le japon, je tombais notamment sur l’article d’Amandine concernant une immersion dans un ryokan. Cela m’a donné envie d’en savoir un peu plus. J’étais hésitant à l’origine car une nuit dans un ryokan n’est vraiment pas donné.
En moyenne, il faut compter de l’ordre de 100€ minimum et ça monte souvent au double. Dans notre cas, notre chambre était dans un cottage, c’était la seule disponible et l’emplacement de ce ryokan étant top pour notre programme, je décidais de faire le test dans celui-ci. On déboursait pas moins de 270€ pour une nuit ! C’est là qu’on en revient à l’utilité d’Agoda, que j’utilise beaucoup et me permets d’accumuler des bons d’achat, sans quoi je n’aurais jamais mis autant de sous pour une seule nuitée !
Mais au fait, qu’est-ce qu’un ryokan ?
Il faut voir les ryokan comme des sortes de maison d’hôte. Plus précieusement, les ryokan sont des auberges traditionnelles, typiques du Japon. On en dénombre pas moins de 70 000 à travers le Japon dont environ 1 800 regroupé sous la Japan Ryokan Association.
Ces établissements sont pour certains en services depuis des décennies voir des siècles pour les plus prestigieuses. Ne pas confondre un ryokan avec des minshuku, qui sont moins chers et plus considéré comme des auberges familiales.
La prestation inclut typiquement les repas du soir et du matin, utilisant une cuisine raffinée de type kaiseki dans les ryokan les plus coûteux.
Les chambres sont évidemment de style japonais , fermées par une cloison coulissante. Au milieu de la pièce, vous aurez une table basse (kotatsu) et une alcôve décorative (tokonoma) dans un coin. Le sol est recouvert de tatamis et c’est non pas un lit, mais des futons qui sont utilisés pour dormir. Autre point particulier, les ryokan sont munis de bains chauds. L’eau provenant souvent de sources chaudes, situées sous le ryokan (on parle alors d’onsen).
Typiquement donc, il faut se déchausser et vous serez accueilli par le maître de maison qui vous fera le tour de votre espace privé. Un vêtement d’intérieur, fameux kimono de coton appelé yukata (aux motifs bleus et blancs), est également mis à votre disposition.
Une nuit dans un ryokan, ça donne quoi ?
Avec la description ci-dessus, comprenez qu’il est généralement préférable d’arriver en début d’après-midi pour bien en profiter. Ce qui n’était pas notre cas, car on arrivait un peu tard sous le coup de 19h, alors qu’il faisait déjà nuit (et il pleuvait en plus…), pas la meilleure des entrées en matière…
C’est donc au Kigusuriya Ryokan qu’on séjournait. Si on prenait le cottage, faute de disponibilité, notez qu’ils ont aussi des chambres plus simple et plus de 2x moins cher selon les dates (le tarif dépendant aussi grandement de la saison).
Se faisant, on se retrouvait dans une vieille maison séparée de la zone principale, qui elle, sert d’accueil, c’est aussi là que l’on déjeunait et se trouve les chambres moins chères. Cette bâtisse a plus de 200 ans, et appartient à la famille nous hébergeant. Tout le bâtiment étant pour nous, il peut accueillir du monde puisqu’on avait un espace de plus de 80m² !
Si les parents vivent aussi dans la partie principale du ryokan, c’est la fille qui fait office de gérante, notamment parce que celle-ci parle plutôt bien anglais et peut donc accueillir les clients étrangers.
Comme le veut la tradition, la première chose une fois qu’on arrivait fut de nous faire le tour de notre « demeure ». On se déchausse à l’intérieur, similaire à la Thaïlande et comme partout au Japon. Le moindre qu’on puisse dire est qu’on sent le poids des années, non pas que les lieux sont en sale état non non, mais on sent l’aspect rustique et ancien dans son architecture, comme la présence de l’ancienne cuisine, avec un espace aménagé à même le sol pour faire chauffer le charbon.
L’espace principal est une grande pièce carré couvert de tatamis, avec une table basse en son milieu. On avait une petite télé et les yukata étaient bien là, posés sur des cintres. On avait droit à 2 petits chauffages au gaz d’appoints, qu’on utilisait en soirée, car les nuits restent fraîches dans ces montagnes, même en ce début mai.
On découvre alors notre cocon. Notre chambre se trouve derrière 2 panneaux coulissants en guise de porte et nos lits, 2 futons bien épais. Seule la salle de bain est moderne, aménagée près du couloir de l’entrée. Elle possède une grande baignoire et elle est tout confort (on a un peu galéré à avoir de l’eau chaude, le temps de comprendre comment fonctionne le chauffe-eau).
Une fois à nos aises, on pouvait rejoindre le bâtiment principal pour dîner. Une table nous attendait dans une salle adjacente à un couloir, lui-même bordé par une baie vitré laissant voir le petit jardin typique dans l’espace central. Tout est préparé pour nous, on s’assied et nous n’avions plus qu’à attendre que tout soit prêt. On en profite pour discuter un peu avant notre hôtel pendant qu’elle s’occupe de mélanger les ingrédients dans la soupe pour bouillir le tout.
Comme à mon habitude et puisqu’il y en avait (moyennant un supplément), je prenais une petite bière locale. J’avais un peu peur vu le système de petites bouchées, d’avoir encore faim après ce repas gastronomique, mais finalement, il y avait juste ce qu’il faut.
Avant de rejoindre nos quartiers, elle nous donnait une carte des environs faite main, sachant dans notre cas, qu’on allait uniquement visiter Kayabuki-no-Sato, je vous partage ça ici si jamais vous voulez explorer un peu plus les environs (et profiter plus longuement du ryokan).
Après une bonne nuit de sommeil, et malheureusement un peu dans le rush vu notre planning, nous partions tout de suite après notre petit-déjeuner, là également servit par les soins de notre hôte, qu’on remerciait chaleureusement ainsi que sa mère, la seule qu’on verra vraiment, le père étant celui derrière toutes ces délicates attention culinaires, affairé dans les cuisines.
En conclusion, expérience un peu bâclé (c’est de notre faute, personne d’autres à blâmer là) mais appréciable. Peut-être un peu cher pour un couple seul (le cottage pouvant être facilement partagé avec d’autres personnes vu qu’il y avait une autre chambre) mais pas de regret, cette nuit dans un ryokan permet d’apprécier le savoir faire des Japonais en matière d’accueil.
Ce fut aussi l’occasion de dormir en dehors d’une ville et d’apprécier ainsi les paysages magnifiques de la montagne environnante, bien verte et sauvage, alors que nous reprenions la route pendant une 1h afin de rejoindre le village de Kayabuki-no-Sato.
Miyama no Kayabuki no Sato, le village aux toits de chaume
Bien qu’il n’était pas particulièrement tôt (avant 10h), le parking aménagé en face du village, en bord de rivière, était particulièrement vide ce matin. Un bon signe, car c’est toujours appréciable de visiter un lieu au calme.
On n’était pas seul pour autant, car on apercevait quelques personnes se baladant çà et là vers l’entrée du village. En revanche, le village lui-même est conforme aux images que j’en avais vu (je ne me suis donc pas trompé, car en tapant Miyama, dont il existe plusieurs localités, j’avais des doutes si c’était bien ce village-là sur les photos que je voyais), les fleurs en plus.
Ici, on parle de style de Kitayama, car on trouve d’autres styles ailleurs, les toits de chaumes n’étant pas l’apanage de Miyama. On peut citer les villages de Shirakawa go, le plus connue et Gokayama (le premier dans la préfecture de Gifu, le second dans celle voisine de Toyama, les 2 au nord de Nagoya).
En fait, Kayabuki-no-Sato est l’équivalent en plus petit de Shirakawa go, site classé à l’Unesco. Miyama et la zone du Kitayama est quant à elle désignée comme un district de préservation pour des groupes de bâtiments historiques à partir de décembre 1993. Les maisons auraient été construit pour la plupart pendant l’époque d’Edo (1603-1868).
Ces villages ont su conserver leur tradition, après avoir été isolé pendant des siècles au milieu des montagnes, alors que les routes n’existaient pas.
Les toits de chaume ont une durée de vie limitée, généralement autour de 20 ans et demandent un entretien régulier (nettoyage tous les 3 ans, bouchage de trous éventuels, etc.), pour autant, c’est un excellent isolant phonique et thermique ainsi qu’un matériau bon marché et renouvelable.
Le cadre est juste superbe. Le village est niché au pied d’une montagne remplie de sapins, avec une série de rizières situées juste devant. Les champs de cultures servant pour les toits de chaume se trouvant eux de l’autre côté de la rivière.
Après avoir admiré la carte des lieux super cute, on traversait la route peu emprunté et on partait à la découverte du village. Je remarquais assez vite que le toit d’une des maisons était justement en cour de remplacement. Si le ciel est couvert, cela n’enlève pas les couleurs, magnifiques et variées, des différentes fleurs répondant à l’appel du printemps.
Certains toits ont l’air plus neuf et immaculés tandis que d’autres sont recouvert de mousses vertes contrastant avec le bleu du ciel s’offrant quelques percées à travers les nuages. En tout, ce sont 38 maisons répertorié avec un toit de chaume sur les 50 composant le village.
Comme c’est une attraction, certaines maisons se sont converties en restaurant, guesthouse (ou minshuku devrais-je dire) ou café et d’autres, proposent des visites, comme le petit musée de l’Indigo, et une autre, préservant l’image de la maison de campagne.
C’est pour autant un authentique village et ses habitants, autrefois vivant de l’exploitation forestières.
Little Indigo museum
C’est Jitima qui repéra le panneau indiquant ce petit musée, et c ‘est en passant sous un porche en bois qu’on arrivait dans le jardin du musée, située dans une des maisons du village. À l’entrée, un vieux monsieur nous accueille poliment.
Vu l’endroit, on est plutôt surpris quand celui-ci nous aborde dans un Anglais évolué. L’homme s’avère être Hiroyuki Shindo, un artiste et artisan, passionnée par la couleur indigo. Cette passion, commencée alors qu’il résidait à Kyoto l’amena à travers le monde entier, et ce pendant 30 ans, ce qui explique son niveau d’anglais.
Devenu artiste textile maître dans la teinture naturelle à l’indigo, il continue de fabriquer ses propres créations dans son atelier du rez-de-chaussée, dans cette bâtisse paysanne datant de 1796, dans laquelle il s’est installé en 2005.
L’artiste nous emmenait dans son atelier, qu’il nous faisait visiter en expliquant avoir développé sa propre machine. Fruit de son expérience accumulée dans ce savoir-faire qui a commencé son déclin dans les années 60. Parmi les techniques apprises et utilisées, le shibori. Son travail est fait uniquement avec de l’indigo naturel, obtenu en fermentant avec des cendres, de la chaux, du son, et du sake (santé !) dans ses cuves en céramique.
M. Shindo a découvert la teinture à l’indigo alors qu’il était étudiant aux beaux arts à l’université de Kyoto. Malgré ce déclin, il décide de se former à cette technique traditionnelle de teinture naturelle, longue et complexe, n’hésitant pas à parcourir des kilomètres à vélo après ses cours pour pouvoir apprendre dans des ateliers encore existant.
Il faut voir qu’avant, la couleur bleue était très demandée, notamment parce que celle-ci était utilisé pour les tenues de mariage, avant de subitement passer au blanc, suite au mariage de la reine Victoria, qui porta une robe de cette couleur.
À l’étage, on peut admirer les pièces de sa collection, le « petit musée de l’indigo », et, au-delà de voir quelques belles pièces antique et bien conservée, permet avant tout de s’immiscer sous le toit d’une de ces magnifiques maisons multi-centenaires. Parmi ces pièces, sont exposés des vêtements, bouts de tissus et étoffes, toutes évidemment teintes à l’indigo naturel.
Si son histoire et les lieux vous intéressent, il possède son site internet : http://shindo-shindigo.com/
Comme nous étions seul pendant cette visite, c’était franchement agréable, et nous remercions chaleureusement Hiroyuki Shindo pour le temps qu’il nous accordait.
Tarif : 300 JPY
Horaires d’ouverture : 10h – 17h (fermé les jeudis et vendredis, ainsi que du 1er décembre au 31 mars)
Folk Museum : vieille maison typique
Après avoir fait un stop au petit temple local de Kamakura, avec vue sur le village, on faisait une petite pause café avant de reprendre notre visite. Des bus de touristes avaient débarqué dans le village, mais très honnêtement, les gens se dispatchant çà et là, je n’avais pas non plus le sentiment d’être envahie (la plupart faisant juste quelques photos et repartant assez vite).
On tombait alors un peu plus loin sur une maison, ouverte au public et tenue apparemment par un vieux couple. L’idée ici est de visualiser comment était l’espace intérieur d’une maison paysanne à l’époque (après quelle époque, je ne pourrais préciser, mais disons, pas les temps modernes pour être concret).
À l’espace de l’entrée, où l’on enlevait ces chaussures, se trouvait de gros fourneau en terre cuite, j’imagine, l’espace de cuisine. Vient ensuite la zone principale, similaire à celle de notre cottage qu’on quittait le matin même. On retrouve le sol en tatamis, l’alcôve décorative et, derrière les panneaux de bois, la terrasse donnant sur l’extérieur. A côté de cette dernière, il y a une petite table avec un service de thé, lequel est offert, la visite étant elle de En passant dans la zone où se trouve l’escalier pour aller sous le toit, on peut y voir un espace aménagé avec un peu de foin.
L’idée étant de garder du bétail au chaud pendant l’hiver tout en l’utilisant comme source de chauffage comme il était de coutume auparavant. Je montais ensuite les escaliers, non sans jeter un œil à la pièce qui servait de salle de bain, où trônait un bassin en bois en guise de baignoire.
Là encore, on pouvait une fois sous la toiture, admirer tout le travail d’architecture de la charpente, sur laquelle sont posés les ballots de paille. Je jetais enfin un œil dans une pièce entreposait divers outils agricoles d’époque avant de conclure cette visite.
Tarif : 300 JPY
Horaires d’ouverture : 9h – 17h (d’avril à novembre)
10h – 16h (de décembre à mars)
Kayabuki no Sato, village de campagne et festivals
Comme je le disais plus tôt, se rendre à Kayabuki no Sato, c’est avoir un aperçu de la vie dans un village de campagne, quelque part au milieu des montagnes du Japon, et ce, à pourtant seulement 50 km de Kyoto.
Une fois fais le tour, on passait par un bout du village histoire de longer les rizières et avoir une vue sur tout le village, ce dernier se reflétant sur les rizières tout juste planté en cette saison. Ce faisant on passait devant un autre petit temple, derrière lequel trône un marronnier de plus de 400 ans.
J’admirais le travail en cours de la rénovation d’un toit de chaume avant de revenir au niveau du petit pont traversant la rivière, à côté du parking, histoire d’avoir un dernier regard sur ce petit village qui ne m’aura pas déçu.
Kayabuki no Sato est le théâtre d’aux moins 2 événements particuliers chaque année. Le premier étant lié au caractère particulier des toits et la protection de mise pour ce patrimoine d’intérêt culturel et historique.
Comme le village de chaume est très inflammable, il est protégé par un système élaboré de 62 tuyaux qui pulvérisent automatiquement l’eau sur tout le village si un incendie éclate. Chaque année, le 1er décembre et le 20 mai (sachant qu’on était le 14 le jour de notre visite…), le système de tuyaux est testé par les pompiers locaux et c’est un spectacle tout à fait spectaculaire, dont les photos m’avaient attiré l’œil sans que j’en comprenne le pourquoi du comment.
Si le beau temps est de mise, les jets d’eau créent des arcs-en-ciel sur les maisons de chaume et le festival est du coup apprécié et toujours bien fréquenté.
Le second est le snow lantern festival, ou festival des lanternes de neige, qui, je vous le donne dans le mille, à lieu en hiver (prochaines dates du 27 janvier au 3 février 2019). Le village, dont les toits sont alors recouverts de neige, s’illumine avec des centaines de lanternes composées de neige, mais aussi en bambous, ou même plus moderne, en lampes LED.
Se rendre à Kayabuki no Sato depuis Kyoto
Depuis la gare JR Kyoto, prendre la ligne JR Sagano jusqu’à la station Hiyoshi, au nord de Nantan (40 minutes, 760 JPY) puis les bus Nantan (ligne Miyama-Sonobe) qui mènent à Miyama. Kayabuki no Sato se trouve à l’arrêt nommé Kita (à 30km de la station Hiyoshi, pour un parcours de 60 minutes, 660 JPY).
L’alternative étant de prendre un taxi depuis Kurama ou Takao.
Retour à Kyoto
On serra resté 2h30 en tout à se balader dans le village et en faire le tour. Il ne restait plus qu’à rentrer à Kyoto et continuer nos visites du jour, au programme, la bambouseraie d’Arashiyama, après quoi on terminait cette journée « chargée » au quartier historique d’Higashiyama.
Ce retour à Kyoto, sous une bien meilleure météo qu’à l’allée, nous permettait enfin d’apprécier la beauté des montagnes du nord de la ville, recouvertes de sapins et parsemée de jolies rivières coulant d’une eau limpide.
De quoi conclure ce court mais appréciable roadtrip nous ayant permis d’avoir un micro aperçu de la vie au Japon, au-delà des mégapoles. Alors, tenté par une balade vers Miyama ?
L’article vous a plu ? partagez sur le Pinterest !