Tout juste fraîchement débarqué à Nara que nous décidions de faire un crochet le lendemain matin par Wazuka, une localité au milieu des montagnes, réputée pour ses plantations de thé. L’idée encore une fois était de sortir un peu des circuits plus classique dont Nara fait partie.
C’est là aussi en voyant un reportage en Thaïlande sur cette destination qu’on s’y intéressa, plus Jitima à la base que moi d’ailleurs (moins fan de thé).
Wazuka : une histoire de thé en famille
Cela ne date pas d’hier que thé soit exploité à Wazuka. Dès l’époque de Kamakura (s’étalant de 1185 jusque 1333), la production de thé est apparue dans ces régions montagneuses au sud de Kyoto. Voilà donc plus de 800 ans que la plupart des familles plantent et vivent du thé (on compte environ 300 familles sur les 4 000 habitants).
À Wazuka, on y produit au moins la moitié de la production totale de la préfecture de Kyoto. La destination reste cependant méconnue des voyageurs de part sa proximité avec la ville d’Uji, au sud de Kyoto. Célèbre aussi pour son thé vert, elle est préférée par les touristes pour sa facilité d’accès depuis Kyoto.
Se rendre à Wazuka : une escapade d’une journée
Depuis Kyoto, emprunter la ligne JR Nara jusqu’à la station Kizu, puis prendre le train de la ligne JR Yamatoji jusqu’à la station Kamo.
Le village n’est situé qu’à 20 kilomètres au nord de Nara. C’est plutôt simple alors de s’y rendre depuis Nara, puisqu’il suffisait d’emprunter la ligne JR Yamatoji depuis la gare principale de Nara jusque Kamo (15 minutes à peine de trajet pour 240 Yens).
De là, vous aurez une station de bus au pied de la station, ligne 66, qui se rend vers Wazuka (avec en gros un départ presque toutes les heures entre 7h et 21h, voir horaires sur la photo ci-dessous). Normalement il y en a pour 20 minutes en bus.
Se perdre à Wazuka et 1er auto-stop !
Malgré la jolie carte venant avec les horaires de l’arrêt de bus à Kamo, vu que tout était en japonais, on n’était pas bien plus avancé sur où l’on devait s’arrêter… Résultat, on observait le paysage en se faisant doucement bercer par le bus qui poursuivait sa montée dans la montagne.
Si l’on passait bien une zone d’habitation avec des plantations de thé (là où on aurait dû s’arrêter), on percutait pas plus que ça, pensant que la zone principale de Wazuka était simplement le terminus de cette ligne.
Sauf que, arrivé à un moment donné, dans un minuscule village au milieu de nulle part (alors que nous étions les seuls dans le bus depuis un moment), on comprend que le chauffeur nous dit « c’est le terminus », et qu’il faut donc descendre…
Bien bien bien.
Et donc ? Un peu déboussolé, je me lance alors dans la chose logique à ce moment-là, revenir sur nos pas, à pied, car attendre le prochain bus redescendant serait trop long. Le fait est que quand on roule, on se rend pas forcément compte de la distance parcourue. Ça me semblait donc tout à fait envisageable de rejoindre la ville aperçue « quelques minutes » plus tôt.
Ce que je ne savais pas sur le moment, c’est qu’on est exactement 8,3 km trop loin, soit au bas mot, 2h de marche, sur une route de montagne étroite sans trottoir… (bon certes, y’avait pas foule niveau circulation donc pas dangereux en soit d’autant que c’est le Japon, pas la Thaïlande).
Au passage, je me dis que ça permet de voir un peu de paysage et des villages plus inédits. Donc au début ça allait. Il fait bon et j’apprécie cette petite balade dans la campagne japonaise, d’autant qu’on remplit notre objectif aka « sortir des sentiers battus », voir des plantations de thé (et aussi des rizières).
On croise donc plusieurs villages, assez calme. Quelques personnes s’activant dans leur rizière ou récoltant des feuilles de thé. Dans un de ces villages, on voit une première petite mamie, alors qu’on jette un œil à sa « boutique », quelques oranges, sandales traditionnelles, etc., à même le bord de route.
On commence à avoir sérieusement faim et on voulait s’arrêter au premier restaurant croisé, mais rien à l’horizon, même à grignoter… Plus loin, c’est une autre petite dame qui, attelé au jardinage devant sa maison et bien que ne parlant que japonais, nous salue poliment en demandant ce qu’on fait là.
Ce qui est marrant, c’est que même sans parler japonais, on a réussi à échanger quelques mots, expliquant qu’on avait faim et qu’on redescendait vers Wazuka, et la petite dame avait un sourire satisfait suffisant pour me dire que « se perdre », ça a quand même du bon.
On croise tantôt une vieille station d’essence à l’abandon, jouxtant un vieux pont. La rivière serpente le long de la route qu’on emprunte tandis que la forêt et les montagnes bien vertes nous entoure. On repasse devant des maisons, paysages que j’ai essayé à l’aller dans le bus, de prendre en photo.
Les premières 20 minutes passent assez vite et perso, j’apprécie la balade. Jitima aussi, je pense, mais c’est sur les 20 prochaines qu’on commence à trouver le temps long. Par ailleurs, on n’a quasiment pas croisé une seule voiture, ce qui renforçait un sentiment de solitude devenant monotone.
Passé un garage fermé, devant lequel se trouve un vieux tuk tuk Mazda, je sens que madame commence à rechigner à marcher plus longuement. Cela fait alors 40 minutes environ qu’on marche en descente, et au vu de ce qu’on croise, je sens pas qu’on arrive bientôt. En regardant sur Google Maps, bien que n’ayant pas de réseau, je veux estimer la distance qu’il nous reste à parcourir.
En l’occurrence, je comprends assez vite qu’on avait fait moins de la moitié. Précisément, on vient de marcher 3 km, il en reste donc 5,3 km. Trop donc, car on n’avait pas prévu de passer autant de temps à Wazuka.
C’est alors qu’on se dit, « tiens, et si on testait l’auto-stop ? », chose que l’on a jamais eu à faire en Asie jusqu’à présent et donc jamais testé tout court. C’est l’occasion ou jamais, même pour une si petite distance.
On se trouve juste après le garage un espace permettant à une voiture de stopper sans gêner la circulation, avec une bonne visibilité. Et hop, pouce en l’air. Arrive alors une première voiture, nope. Un petit camion, nope.
Et à la seulement 3e voiture quelques minutes plus tard (alors qu’on en avait croisé presque aucune avant), boom, un petit papy s’arrête à nos côtés. Là encore, problème de langue, on a beau dire « Wazuka », le monsieur a l’air hésitant, car pas sûr de là où il doit nous emmener (le fait que nous non plus on ne sait pas trop où l’on doit s’arrêter exactement !).
On essaye d’indiquer qu’on veut s’arrêter à un restaurant, ce qui apporte finalement plus de confusion. Après un moment d’hésitation, nous paraissant une éternité, le papy accepte finalement de nous laisser monter, dans sa petite voiture carré typique du Japon.
Nous voilà auto-stoppeur. Sur 5 km… Sachant que le monsieur est prudent et roule littéralement à 30 km, on était en bas quelque 10 minutes plus tard. Première expérience donc, 5 km/10 minutes. Qui dit mieux ?
Sur la longue ligne droite où je reconnais le village passé il y a maintenant près de 2h, on fait presque peur à notre hôte en s’écriant d’un coup qu’on veut descendre là, apercevant alors un café salutaire sur le bord de la route, le d:matcha Kyoto CAFE&KITCHEN.
Pause méritée dans un salon de thé
Petit problème en arrivant au café, celui-ci n’est pas encore ouvert… Mais heureusement, il n’y a que quelques minutes à attendre. Le temps pour moi de prendre des photos des environs. Se faisant, je m’aperçois, gros coup de bol, que se trouve le bureau de l’office de tourisme de Wazuka juste à côté ! Qui plus est, d’après Google Street View, celui-ci n’existait pas il y a quelques années.
Mais d’abord, faut se requinquer, et on nous laissait finalement rentrer dan le café, quelques minutes avant l’heure d’ouverture (à 11h, sachant qu’on est parti ce matin-là de Nara vers 7h30, sans petit-déj).
Gros soulagement quand on nous donne la carte en voyant qu’ils ont bien de quoi manger, par contre, c’est plus des plats « fusion » et limités, et c’est plus un salon de thé qu’un « café » en tant que tel. Qu’importe, on avait faim donc content. On savourait ce repas, heureux de pouvoir se poser, avec en prime, une vue sur les collines recouvertes de plantations de thé à l’arrière du bâtiment, lui-même collé aux rizières qui se trouvent sur la partie plate de la vallée.
En vélo électrique à travers les plantations de thé
Une fois remis de nos émotions, on sortait du café pour aller voir ce qu’on peut glaner comme infos à l’office de tourisme à côté. L’ambiance est sereine dedans et assez vite, quelqu’un vient à nous, seulement pour nous dire d’attendre, une personne parlant anglais faisant partie du staff va venir à notre rencontre.
À partir de là, on récolte toutes les infos dont on avait besoin. Une carte des environs avec suggestions d’itinéraires, idéaux à faire à vélo, qui plus est, électrique. On est soulagé de pouvoir enfin visiter en bonne et dû forme Wazuka et on remercie chaleureusement la jeune femme de l’office qui nous a livré toutes les infos.
On s’empresse, sous son conseil, de louer les vélos, dispos à l’office, qui nous permettent ensuite de partir à la découverte des plantations de thé en toute liberté.
Après ce faux départ matinal, on est plutôt heureux en démarrant cette visite. On va vite s’apercevoir que les vélos électriques sont plus que les bienvenues, car la route sera loin d’être plate sur les 9 km qu’on s’apprête à parcourir (à part au début et par conséquent, à la fin), dont voici la map, repères inclus.
L’idée en gros était de suivre l’itinéraire B qu’on avait sur notre fascicule fournit par l’office. Le choix se faisant entre autres de par le temps imparti dont on disposait et les choses à voir, cet itinéraire nous semblant être un bon compromis.
Au début donc, on traverse la route principale devant l’office du tourisme et on se dirige vers le premier pont non loin de là, traversant cette même rivière qu’on avait suivi toute la matinée dans la montagne.
On se retrouve assez vite à longer des rizières, tout juste plantées donc avec seulement une petite pousse verte et l’eau, majoritairement visible, reflétant les maisons des environs. Dans le fond, on aperçoit des collines habillées de théiers.
C’est peu après qu’on commence la grimpette, qui s’avère du coût une partie de plaisir vu le moteur aidant du vélo électrique. Un peu moins pour madame à qui cela demande plus d’effort malgré que ce soit la même bécane.
Bon pour le coup c’est bien vert et ordonné, mais c’est loin d’être nos premières plantations de thé donc c’est beau mais avec un sentiment de déjà vu (les premières étaient à Nuwara Eliya au Sri Lanka, il y a déjà 5 ans, après on en a croisé au Cameron Highlands en Malaisie, aussi vus au Vietnam à Thai Nguyen, et bien sûr, ne pas oublier qu’il y en a ici même en Thaïlande, essentiellement dans la province de Chiang Rai comme à Mae Salong).
Perso, j’apprécie grandement l’assistance électrique, pas particulièrement dans le sens d’être partisan du moindre effort, mais prenant plus de photos que Jitima, je peux aisément la rattraper vu qu’elle traîne un peu la patte aux pédales (finissant par me demander si son vélo était bien opérationnel).
La petite route qu’on emprunte est calme, si on fait abstraction d’une voiture de touriste japonais, on croise presque personne. Le salon de thé où l’on a pu se restaurer n’est évidemment pas le seul dans le coin, le plus connu étant le Sky Cafe Wazuka, dont on passait à proximité.
Certains théiers sont bâchés, probablement parce que les feuilles y ont été déjà récoltées et que ceux-ci sont protégés en attendant de redonner des feuilles. On remarque aussi peu de gens au boulot. Vraiment l’impression d’être un peu tout seul sur nos vélos à jouer les touristes.
Plus loin, on croise un village, avec ces maisons typiques. Il y a là quelques couleurs en plus, car on peut y voir des fleurs agrémenter les murets et devantures des jardins. Vu la proportion thé/rizière, on peut en déduire que les rizières sont essentiellement pour la consommation locale tandis que le thé est exporté dans toute la région si ce n’est tout le pays.
Le village en question est le passage de la boucle sur le parcours B évoqué plus haut, on a donc fait déjà presque la moitié et commençons déjà à revenir sur nos pas, non sans continuer à remonter après avoir descendu un temps, observant sur notre gauche l’étendu des plantations sur cette zone, la plus jolie observée depuis notre départ (indiqué comme « spot photo » sur ma carte).
C’est en revenant jusqu’à la prochaine bifurcation qu’on croisait 2 Japonais d’un certain âge en plein exercice artistique. Et pour l’anecdote, je me suis méchamment aperçu que oui, ici, on ne prend pas tout et n’importe qui en photo comme ça nous chante. Habitué à prendre des portraits en Asie du Sud-est, rencontrant rarement de réticences, majoritairement des sourires, je voulais là non pas même tirer le portrait d’un des messieurs, mais seulement leur travail en cour.
Ce qui m’a valu une réprimande en japonais alors que je venais de prendre le cliché ci-dessous… Et malgré mes plates excuses (en japonais, tout de même) et sans comprendre ce qu’il disait concrètement, on sentait bien que le monsieur n’était vraiment pas content…
Passé ce désagrément, à la fois un peu confus et honteux de mon mauvais réflexe, on poursuit et descend via un chemin secondaire pour se rendre vers la sculpture de bouddha dans la roche, seule véritable « attraction » en dehors des plantations de thé elles-mêmes.
Par contre, aucune info de dates et du pourquoi du comment… Juste que l’on a posé nos vélos un instant, marché 2 min sur un chemin longeant la rivière et hop, voilà la sculpture, seule et unique. Bon. Pas de quoi casser 3 pattes à un canard donc on r-enfourche nos vélos de fainéants et on poursuivait cette balade tranquille en longeant la rivière, d’abord côté plantation, puis côté route principale après avoir traversé un pont.
Jusqu’à revenir à notre point de départ et rendre les vélos, après 1h30 de promenade tranquilou.
Alors, Wazuka, à faire absolument ?
Bilan ? Particulièrement mitigé pour Jitima, déçue de ce que ça rend par rapport au reportage qui idéalisait un peu l’endroit. Perso, je ne sais pas si c’est le fait qu’elle s’attendait pas à devoir pédaler autant (encore une fois, même si c’est avec un vélo électrique, qui normalement fournit l’essentiel de l’effort à notre place) mais moi j’ai quand même apprécié cette petite boucle.
Pas de regret d’avoir fait le crochet vers Wazuka même ayant déjà vu des plantations de thé. Ça nous a permis de voir une autre facette du Japon, peut-être plus considéré comme hors des sentiers battus (après tout, y’avait pas de temple ni de village ultra photogénique ou autre spot pour instagram, quoique).
Et si vous êtes fan de thé, alors c’est l’évidence même et un immanquable bien évidemment.
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