C’est ma 3e journée dans ce royaume de Malaisie, (petit rappel qu’on est là dans une monarchie constitutionnelle, bien que le mot « royaume » n’apparaît pas dans la dénomination officielle, au contraire de pays comme le Royaume-Uni, la Belgique ou même simplement son voisin Thaïlandais).
Je débarque à Malacca, ville historique d’importance, ancien Comptoir Portugais, avec donc son lot de bâtiments anciens à voir, et une petite ville de bord de mer agréable à visiter. Petit tour d’horizon.
Histoire brève de Malacca
Malacca (Melaka en malais), possède un long passé coloniale de 450 ans, qui commença par l’arrivée des Portugais, qui privilégiaient l’échange commercial via le contrôle du fameux détroit du même nom.
Le détroit de Malacca fut en effet un enjeu stratégique convoité par les puissances européennes qui fit de la ville un important port dès le 16e siècle (c’est d’ailleurs le plus ancien port de Malaisie car fondé dès le début du 15e) alors que Malacca n’était encore qu’un Sultanat.
La domination portugaise durera 130 ans depuis la conquête de la ville par Afonso de Albuquerque en 1511 et c’est en 1641 que les Pays-Bas en prirent le contrôle jusqu’en 1824 où l’empire britannique viendra asseoir sa souveraineté en Asie du Sud-Est, jusqu’à l’indépendance de la Malaisie en 1956 (sans compter la période de l’occupation japonaise durant la Seconde Guerre mondiale).
La ville est listée comme patrimoine mondial par l’Unesco (tout comme Penang où nous étions allés la dernière fois) depuis 2008. La ville moderne est très étendue (plus grande même que Kuala Lumpur) et compte tout de même plus de 500 000 habitants, mais le centre historique est lui concentre dans une même zone, rendant la visite facilement accessible à pied.
Bienvenue à Malacca
Passons la minute historique pour revenir à mon voyage. Parti tranquilou à 9h de mon hôtel à Kuala Lumpur, je rejoignais le terminal de bus via KL Sentral, en empruntant le RER local qu’est le KTM. Je m’arrête à la station de Bandar Tasik Selatan (Terminal Bersepadu Selatana – Bandar Tasik Selatan, abrégé par TBS -BTS) au nouveau terminal de bus allant au sud du pays.
Pour l’anecdote, je croisais entre l’arrêt du train et le hall principal une fille blonde, touriste à priori, propre sur elle, mais qui faisait la manche où plutôt brandissait un carton avec un joli sourire disant donnez moi 1 ou 2 RM pour m’acheter un ticket… Ce qu’on appelle communément des « begpackers », un phénomène récent d’européens, qui financent une partie de leur tour du monde ou voyage, grâce aux dons…
Pas toujours apprécié en Asie, car beaucoup trouvent ça indécent, compte tenu des différences de salaires et de la chance même de pouvoir partir à l’autre bout du monde facilement (passeport « puissant », moyen pour le billet d’avion etc).
Enfin bref, revenons à nos moutons, je vais être confronté à la petite « arnaque » du jour. En arrivant au Melaka Sentral bus terminal, je vois un panneau qui affiche un truc du genre:
ignorez les taxis qui viennent démarcher et aller au stand officiel pour avoir les taxi meter
Je me dis, très bien, je suis les panneaux et vais au stand en question. Là, je commence à me faire rembarrer sans raison par le gars du kiosque et tous les chauffeurs de taxi me tombent dessus en disant « no taxi meter in Melaka ». OK… et vot’ panneau là-bas, c’est pour la déco ?
Du coup, je suis perturbé par la logique de la mise en garde, qui manifestement ne change rien au comportement des locaux, alors que les officiels de l’endroit semblent aussi de mèche… Je me suis fait sèchement envoyé péter, au point que tous les chauffeurs refusaient de me prendre, une fois que je me résiliais à accepter de payer les 20 RM demandé, voyant que je n’aurais pas le choix… Finalement, quelqu’un se résoudra à me prendre, mais bonjour l’ambiance… Et je ne serais pas le seul à être un peu déconvenue par cet accueil.
Où dormir à Malacca
Enfin arrivé dans la petite chambre de ma guest house, le River One Residence à Malacca, j’apprécie son ambiance relax, juste à côté du canal. C’est une chambre très simple, avec la clim, un ventilo, un meuble et une seule prise électrique (dont je n’avais pas d’adaptateur puisqu’il s’agissait d’une prise à l’anglaise). C’est une salle de bain partagée et je payais 400 bahts par nuit (moins de 10€).
L’hôtel est proche de la fameuse rue qui devient piétonne avec un marché le weekend, la Jonker Walk (qui est officiellement marquée « Jalan Hang Jebat » si vous cherchez sur Google maps)
Peu après, je rencontrais un groupe de jeunes Français, de passage à côté de mon hôtel alors que j’étais à la terrasse donnant sur le canal pour déjeuner. En les entendant, je ne résiste pas à lancer un petit bonjour. J’apprends alors que c’est un groupe d’étudiants venus de Singapour et Kuala Lumpur (mais venant tous de la même école de commerce). Le courant passe bien et finalement, nous décidions de se donner rendez-vous pour visiter la ville ensemble (et on terminera une bonne partie de la soirée ensemble également).
Dutch Square ou la place « rouge » de Malacca
On démarre par la place immanquable à Malacca ! Tantôt appelé la place néerlandaise… Ou même place Rouge. Facile à comprendre pourquoi, quand on voit les bâtiments entourant la place en question, elle porte aussi le nom de place de l’hôtel de ville.
On y trouve la tour de l’horloge de Melaka ainsi que la fontaine dédiée à la Reine Victoria (datant de 1904), l’église du Christ qui date de l’époque de la domination néerlandaise et le musée de la jeunesse qui était autrefois un bureau de poste et sert maintenant de centre de documentation sur des associations et autres activités pour les jeunes en Malaisie ou ailleurs.
La plupart des bâtiments ont été construit durant le 19e siècle, le plus ancien datant même de la fin du 17e siècle. Ce serait le plus vieux édifice encore entier de cette époque coloniale en Orient.
Le Stadthuys, son joli nom, aurait été achevé en 1660 et aurait d’abord servi de lieu de résidence au gouverneur Néerlandais en charge de la région, avant de devenir une mairie du temps de la domination britannique. C’es d’ailleurs ce dernier qui attribut l’un des noms à cette place, car cela veux dire en vieux Néerlandais, hôtel de ville.
Balade vers l’estuaire
En sachant Malacca en bord de mer, on s’est dit tiens et si on y allait ! Et là n’ayant pas de carte, je remercie le GPS de mon téléphone…. On jetait d’abord un œil aux restes de la forteresse à côté de la place, où se trouve également une reproduction d’une roue de moulin à eau de 13m, construite en 2008.
Dès qu’on s’éloignait du quartier historique, les rues devenaient très calmes. On passait ainsi devant le musée de la marine, installé dans une reproduction d’un ancien navire portugais, c’est d’un bel effet.
Après ce petit moment à respirer la breeze provenant de la mer, nous revenions sur nos pas puis passions d’abord par un petit marché couvert (cherchez le Newton Food Court sur Google Maps), à la recherche d’un coin pour se poser (et qu’on ne trouvera pas…).
On passait ensuite par la petite place de Taman Merdeka, qui a l’air d’être populaire avec son train et son avion posé là. Prochaine étape, les restes du fort A famosa et sa porte du 16e siècle.
Le fort A Famosa
Nous arrivons vers la fameuse porte qui est tout ce qui reste du fort d’origine, démonté en 1807 par les Britanniques. La forteresse, de construction portugaise, date de 1511, il s’agit donc aussi d’une architecture de type européenne parmi les plus vieilles encore debout en Asie. Le fort est connu sous le nom de « A Famosa » en portugais ou « le fameux » en bon français.
Son démantèlement a été ordonnée (tout comme la prise de Malacca) pour faire face aux ambitions expansionnistes de Napoléon… Comme quoi c’est lié à l’histoire de la France ! Le raisonnement d’alors étant qu’on ne voulait pas se risquer à l’entretenir pour au final tomber entre de mauvaises mains…
C’est en fait grâce au futur fondateur de la ville (et futur État) de Singapour, Sir Stamford Raffles, grand amateur d’histoire, que la porte dite « Porta de Santiago » subsiste aujourd’hui. Alors en visite à Malacca en 1810, celui-ci ordonna qu’on la préserve tandis que le fort était presqu’entièrement démantelé (Dommage pour le coup, qu’il ne soit pas arrivé plus tôt. Mais c’est dire aussi le temps que cela a pris pour démonter le fort !).
Avant de monter voir les restes de l’église Saint Paul sur sa colline, nous avions besoin d’une petite pause fraîcheur. Ça tombe bien, il y a un beau shopping mall juste à côté du fort.
L’église Saint Paul
Après cette pause boisson au frais, nous retournions donc vers la porte, pour monter voir les restes de l’église Saint-Paul, qui aurait pu s’appeler plutôt Saint François-Xavier vu son histoire. Le nom est en fait donné par les Néerlandais, attribué aussi à la colline sur lequel le bâtiment est construit.
Cette église était autrefois une simple chapelle, construite en 1521 à la gloire de la sainte vierge Marie, par un noble Portugais désirant remercier le ciel de l’avoir épargné pendant une terrible tempête, alors qu’il naviguait sur la mer de Chine.
Elle devint alors un lieu de sépulture pour les nobles. Elle fut rénovée plusieurs fois jusqu’à la fin de ce 16e siècle avant d’être agrandie, en y ajoutant notamment un 2e étage surmonté d’un clocher, celui-ci avait déjà disparu lorsque les Anglais arrivèrent en 1824, alors que l’église était à l’abandon depuis que les Hollandais avaient construit leur église protestante en 1753 sur la place de l’hôtel de ville.
La statue de St Francois Xavier est récente, elle date de 1952. Pour l’anecdote, la main droite manquante est due à la chute d’une branche d’arbre, alors même que le vrai corps du vénérable François-Xavier a effectivement la main droite manquante (voir plus bas, ce serait en fait le bras entier), celle-ci ayant été exigée par le pape comme relique en acceptation de la canonisation du Saint…
La légende de Saint François-Xavier
Alors pourquoi cette référence à Saint François-Xavier ? Celui-ci était le premier jésuite missionnaire catholique dont ces missions l’amenèrent surtout en Asie, quittant Lisbonne en 1541. Il avait auparavant en 1534, fondé dans une chapelle à Montmartre la fameuse Société de Jésus, dont leurs membres, les jésuites, sont en plein dans l’actualité après l’élection du pape François.
Pendant 12 ans, notamment en Inde à Goa, à Malacca, au Japon et en Chine, il prôna la parole de Dieu, convertissant les populations avec succès. Sa renommée sera telle qu’on lui attribua beaucoup de miracles.
De son expérience, il en retiendra l’accueil et son temps passé à Goa. Ainsi, lorsqu’il tomba malade en mer de Chine à la fin 1553, et sentant venir son heure, c’est pourquoi il demanda à ce que sa dépouille soit ramenée à Goa. Le processus n’étant pas simple étant donné la durée du trajet, son corps fût placé dans un cercueil avec de la chaux vive (ce qui permet de brûler les tissus et empêcher les odeurs), puis enterré provisoirement sous l’église de Saint-Paul de Malacca, le temps de préparer le bateau pour Goa.
L’emplacement du tombeau, resté ouvert, est entouré par une grille.
La légende veut que lorsqu’on le déplaça dans un nouveau cercueil pour le voyage, on lui coupa un doigt pour en faire une relique, le sang s’écoula alors aussi frais que si la mort datait de la veille, tandis que le corps était étonnement en parfait état de préservation. Le même phénomène fut constaté 60 ans après sa mort, lorsque le pape Grégory VI accepta de canoniser Saint-François Xavier en 1622, à condition de rapporter son bras droit (avec lequel il bénissait) à Rome.
La légende est d’autant tenace que son corps est toujours à Goa, exposé en public tout les 10 ans et dans un état de conservation plutôt exceptionnel.
Jonker Walk et Malacca nightlife
À partir de là, l’essentiel des visites étaient faites. Le groupe de jeunes avec qui j’étais décidait de s’offrir une pause shopping (surtout les filles, le seul gars se contentant de les suivre), j’en profitais pour repasser à mon hôtel me prendre une bonne douche avant de ressortir manger avec eux plus tard.
Après donc s’être échangé nos contacts, histoire de se retrouver, je prenais le chemin du retour vers le River One. Mais je prenais le temps d’aller faire un tour vite fait sur Jonker Walk avant la tombée de la nuit, histoire de me repérer. Je prenais aussi quelques photos du coucher de soleil, qui était absolument rouge vif et teintait les rues magnifiquement.
Concrètement Jonker Walk est LA rue animée de Malacca, sorte de Khao San Road locale même si moins festif à proprement parler. On y trouve de nombreux restaurants, cafés, boutiques souvenirs et marchands locaux.
Il y a avait du monde d’ailleurs ce soir là. Une fois qu’on s’était retrouvé; on se trouvait un petit coin sympa où manger, dans une des rues perpendiculaire à Jonker Walk. Histoire de poursuivre la soirée, on a cherché dans la foulée un bar où se poser, dans une autre rue perpendiculaire. On a bien jeté un oeil au Hard Rock café mais c’est clairement trop cher (pour l’anecdote, j’y allais finalement le lendemain alors que j’allais passer la journée cette fois avec un ami Singapourien).
Un peu échauffé, la bande se décidait au passage de la place Rouge pour un tour en rickshaw, pour le fun. Perso, même éméché ça ne me disais pas plus que ça donc je m’amusais à les regarder faire et passer la musique à fond. Une fois qu’on trouvait un spot où se posait (désolé me rappelle plus le nom…), on y restait jusqu’à la fermeture, à 4h du mat. Sacré soirée !
Dupont
Je trouve votre style d’écriture assez « méchant » et surtout vous ne donnez aucun conseil. Lire votre vie ne m’intéresse pas. Blog à fuir…
Romain
Bonjour,
En tant que tel, j’accepte volontiers la critique (très rare d’ordinaire). Je peux même percevoir le pourquoi du style d’écriture dit « méchant », même si, concernant ce point, je tiens à préciser que c’est lié au ressenti au moment de l’écriture et que la façon de retranscrire les choses varient dans le temps… Et on touche là à un point essentiel dans votre critique, auquel vous ne faites pas gaffe du tout, cet article date d’il y a 10 ans ! À l’âge d’internet, c’est presque une antiquité mais c’est surtout qu’en 10 ans, on évolue, on s’améliore (en général).
Vous dites, je ne donne aucun conseil, c’est assez vrai sur cet article, même si je définis tous les principaux sites à voir, ce qui reste en soit un conseil quand même. Après, tout est fait à pied, rien n’était payant sinon précisé, donc en gros, je sais pas trop quels conseils précis auriez vous apprécié, votre point de vue m’intéresse, avec des arguments précis, c’est toujours mieux. Mais là encore, c’est lié à ma façon de faire, à l’époque. Je ne rédigeais certainement pas de la même manière il y a 10 ans qu’aujourd’hui.
Et c’est là où j’ai plus de mal avec votre conclusion réductrice, la petite pique « Blog à fuir ». Oui le style DE L’EPOQUE, était assez orienté « raconter ma vie », parce que c’était encore à ce moment-là, le style d’écriture en vogue pour les blogues, un style assez personnel alors que le but premier de mon site en ce temps, était surtout de garder une trace de mes séjours, et partager pour ma famille et mes amis. Je reste assez décontenancé que vous n’arrivez même pas à percevoir cette nuance.
Le plus gros problème étant que vous jugez mon site entier, alors même que j’imagine vous êtes tombé sur ce seul article, et que, déçu, vous lâchez votre commentaire sans même avoir lu un seul autre article plus récent. En somme, vous tirez une conclusion hâtive, en mode « je juge un livre à sa couverture », comme ci, après votre seul et unique commentaire, j’en déduisais que vous êtes juste une mauvaise personne, avouez que c’est pas fairplay ?
De plus, alors que vous reprochez que le style soit trop personnel à votre goût, vous oubliez que le principe premier d’un blog c’est de partager son expérience, ce n’est pas en tant que tel un magazine d’information, donc forcément que ça aura en général un aspect personnalisé, sinon c’est plus un blog… Enfin, c’est aussi un point que je tiens à rappeler, un blog demande un investissement, en temps et en argent, alors que c’est partagé librement sans contrepartie, donc se voir sèchement répliquer que le site est perçu comme inutile juste parce que vous personnellement n’y avez pas trouvé réponse à votre question, c’est un peu dur à avaler quand on sent clairement qu’il y a juste une certaine frustration et une généralisation donnant un jugement biaisé.
Je vous remercie quand même au passage, car ce message m’aura permis de policer un peu l’article et faire quelques retouches bienvenues.
Johanna
Bonjour,
Nous sommes avec 2 enfants (5 &8) et logeons sur Kuala Lumpur. Je pensais faire la visite dans la journée mais je doute…
Est ce que vous pensez que « ca vaut le détour »? est ce que l’excursion pour la journée a un réel intérêt selon vous surtout avec des enfants?
Peut on faire les visites à pieds? ou peut être en rickshaws?
Merci pour vos conseils
Romain
Bonjour,
Étant donné la distance, c’est jouable sur une journée. Si vous aimez l’histoire, oui, ça peut valoir le coup, c’est quand même un des incontournables de la Malaisie à mes yeux. Si vous êtes bon marcheurs, tout est largement accessible à pied pour l’essentiel. Tout ce qu’il y a dans cet article a été fait à pied et sinon, il y a en effet les rickshaws.