Point de vue sur le Cambodge depuis le parc national de Khao Phra Wihan
Notre objectif pour cette journée était de continuer sur la nationale 24 avant de bifurquer vers la route 221 puis la 2248 afin de visiter le parc national de Phu Chong Na Yoi avant de rejoindre Ubon Ratchathani pour y passer la nuit.
Si l’on ira bien au parc national en question, en voyant un panneau indiquant le fameux temple de Preah Viharn à seulement 10km tout droit au lieu de prendre notre route 2248 sur la gauche, je me disais pourquoi pas aller y faire un tour.
Preah Viharn, ou comment flirter avec le Cambodge
Nous voilà donc à emprunter le prolongement de la petite route n°221 où nous arrivions au sommet de la colline du coin où se trouve perché là à 500m de hauteur le temple de Preah Viharn. Nous ne croisions pratiquement que des Thaïs, souvent en famille et même en mode pique-nique à même le bord du parking.
Sachant que les lieux font partis d’un parc national, l’accès y est donc payant. Normalement de 200 Bahts pour les étrangers + 20 Bahts pour les Thaïs cela aurait donc dû faire 220 Bahts mais comme normalement quand on prouve que l’on est en Thaïlande pour longtemps (en l’occurrence moi je montrais mon permis de conduire Thaï) on peut avoir des ristournes, voire parfois le même tarif que les Thaïs (même si plus rare, surtout en Issan…) on a payé finalement que 150 Bahts.
Si le temple reste inaccessible au public (en raison du récent conflit opposant la Thaïlande au Cambodge, j’y reviendrais plus bas dans l’article) la colline de Pha Mo I Daeng, dont le nom est relativement intraduisible en dehors de Pha qui signifie falaise et Daeng qui veut dire rouge, est donc la principale attraction locale, en plus de pouvoir apercevoir le temple.
Normalement si la frontière est ouverte, il faut s’acquitter d’une mini taxe pour faire le saut au Cambodge (sans visa) puis également 200 bahts pour visiter le temple lui-même. Sachant que pour l’instant même si les lieux sont calmes il n’y avait aucun signe d’une réouverture prochaine.
Plateau de Pha Mo I Daeng
Du haut de ce plateau rocheux, cela donne un super point de vue sur la plaine du Cambodge faisant face, plaine par ailleurs relativement sauvage puisqu’on y voit seulement une petite route passant en contrebas mais autrement composée que d’une énorme forêt à perte de vue.
En remontant la colline en direction du temple, il est possible de voir des figures sculptés à même la roche légèrement en contrebas de la colline. Découverte sur le tard en 1987 lors d’une patrouille de ranger Thaï (des unités paramilitaires chargés de la surveillance des frontières) ils ont depuis aménagés un accès via un escalier en bois, les bas-reliefs ayant été protégés par une grille afin de stopper les dégradations. Ils dateraient du Xe siècle, avant même donc la construction du temple de Preah Viharn dont on estime sa fondation vers le XIe-XIIe siècle.
L’aspect de la roche sur le plateau, plus noire que rouge à mes yeux, est assez particulier. La falaise abrupte qui longe le plateau de Pha Mo I Daeng fait partie d’une chaîne de montagne appelée Dangrek (aussi orthographié Dong Rak), qui fait office de frontière naturelle entre la Thaïlande et le Cambodge, sauf le temple donc, qui bien que situé au sommet de la colline est considéré comme propriété du Cambodge.
Embrouille au temple de Preah Viharn : qu’en est il ?
Pour la petite histoire donc, ce conflit s’est notamment ravivé après que le site fût ajouté au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008. La Thaïlande n’acceptant pas le jugement de la cour internationale de la Haye en 1962, adjugeant le temple au Cambodge sur la base d’une carte datant de 1907, carte tracée par des officiels français, le Cambodge étant alors sous le protectorat de la France dans ce que l’on connaissait comme l’Indochine.
Il se trouve qu’au moment du tracée de cette carte les officiels avaient donc rencontrés des représentants du royaume du Siam (devenue la Thaïlande) afin de délimiter ensemble la frontière.
Frontière qui à l’époque avait naturellement été déterminé par la présence de cette chaîne montagneuse dont cette colline comme évoqué précédemment. Si la France a abusée en donnant cette carte faussée au Siam, la cour internationale a donné son jugement en faveur du Cambodge à l’époque sur la foi que les autorités Thaïs n’ont jamais contestés ni à l’époque du tracé, ni dans les années qui suivirent, la délimitation faites sur cette fameuse carte de 1907…
La Thaïlande a donc suite à l’inclusion du monument au patrimoine de l’UNESCO voulu réclamer de nouveau le temple comme étant situé en Thaïlande en faisant appel du jugement de 1962. Il y a donc eu un nouveau procès récemment, la CIJ (Court Internationale de Justice) a juste confirmé son jugement de 1962, ordonnant donc aux troupes Thaï (et Cambodgiennes également) de quitter les lieux sans délais, car les 2 armées se clashaient régulièrement depuis 2011, parfois sautant sur des mines encore présentes dans le coin. Jugement rendu le 11 Novembre 2013 dernier et l’accès au sommet est donc maintenant possible mais sans pouvoir approcher le temple, il est également interdit de prendre le temple en photo (normalement).
Des temples Khmer et des cascades
Au final donc on apercevra le temple au loin, sachant que s’il y a maintenant un chemin d’accès possible depuis le Cambodge (depuis 2003), l’accès principal est lui en Thaïlande… Dit autrement il faut donc techniquement entrer en Thaïlande depuis le Cambodge pour le visiter…
A noter la présence dans le coin d’autres ruines khmer comme le Don Tuan, petit temple situé à quelques kilomètres de là, les « twin stupas » et 2 chutes d’eaux notamment que nous ne visiterons pas car nous privilégierons notre objectif, le parc national de Phu Chong Na Yoi, à quelques 73km de la jonction dont je fais mention en début d’article.
Si cela vous intéresse les 2 chutes d’eau sont la Tham Khun Sri situe au-dessus d’une grotte, et la Phu La-ô
Si vous avez eu la chance de visiter le temple avant sa fermeture, vos témoignages m’intéressent !