Une journée dans les montagnes de New Taipei : de Shifen à Houtong
Le lendemain de notre escapade sur la côte nord de Taïwan, entre Shuinandong et le cap Bitou, on repartait avec notre voiture de location pour une nouvelle balade, cette fois-ci dans les montagnes.
Bien qu’ayant déjà eu un aperçu des paysages montagneux en suivant la route côtière et en nous rendant à Jiufen, cela restait superficiel. On avait de plus repéré d’autres villages à visiter et des coins natures vers lesquels se rendre, toujours dans cette même région au nord-est de Taipei.
C’est donc à cheval entre les districts de Pingxi et Ruifang, essentiellement en longeant la vallée de la rivière Keelung, qu’on se dirigeait pour cette ultime journée de découverte en mode roadtrip.
Les lanternes de Shifen Old Street
Pour cette première visite de la journée, on avait choisi le village de Shifen. Niché le long de la vallée de la rivière Keelung, qui sera notre fil conducteur pour cette journée. Ce village est célèbre pour sa voie de chemin de fer qui le traverse, sa « old street », et surtout ses lanternes. Contrairement à d’autres endroits où les lanternes sont accrochées et illuminées le soir, ici, elles sont lancées dans les airs tout au long de la journée. Une sorte de festival des lanternes comme en Thaïlande mais en version journalière.
Il s’avère que le long de cette vallée, vous pourrez y découvrir plusieurs autres villages, chacun avec sa propre « old street », notamment Jingtong ou encore Pingxi, l’un des plus connu de la région après Shifen. Petite précision au passage, bien que ce terme se traduise littéralement par « vieille rue », il désigne simplement la rue principale, où se concentre les commerces de ces bourgades, sans forcément avoir une connotation historique comme on pourrait s’y attendre.
Comme évoqué, en plus de la rivière, la vallée est longée par une voie chemin de fer. Cette dernière permet de de circuler dans la région en train tout en bénéficiant de paysages au charme indéniable. Il est donc possible d’effectuer les visites via ce moyen de transport, mais pour nous éviter les contraintes d’horaires, il nous apparaissait plus simple de choisir la voiture pour explorer cette région.
D’où notre choix de la location, dont on avait déjà pu bien profiter la veille. Notre premier arrêt, ce jour-là, n’était pas à Shifen même, mais seulement 2 km en amont. J’avais repéré sur Google Maps un point d’observation d’où l’on pouvait voir les montagnes, avec un bout de la fameuse ligne de chemin de fer visible.
J’étais allé jusqu’à regarder les horaires du train, ce qui fait que peu après notre arrivée sur place, le train du moment était de passage, s’arrêtant à la station du coin, Waggu (une cascade portant ce nom se trouve d’ailleurs dans les parages). Je trouvais que cela donnait un côté plus « vivant » à la photo que je recherchais. Je n’y ai pas fait attention sur le moment, mais on peut aussi voir de spot là les vestiges d’un ancien pont suspendu (Qinghe Suspension Bridge Relics).
À noter qu’il n’y a pas de parking pour ce point de vue, j’ai donc dû me caler bien au bord de la route, heureusement peu fréquentée pour faire mes clichés.
Si on partait vers 10h00 du centre de Taipei, c’est à 11h30 qu’on arrivait à ce spot, et c’est 15 minutes plus tard qu’on débarquait enfin à Shifen. Il nous a tout de même fallu 20 bonnes minutes pour arriver à se garer. Car s’il y a bien un parking public à côté d’une des attractions du village, le pont suspendu « Jingan Suspension Bridge », les places, en plus d’être payantes, y sont plus que limités.
Il y a bien d’autres parkings disséminés aux abords du village à vrai dire, mais mon objectif initial (ambitieux certes) était de chercher une place le plus proche des rails, et pour ça, j’avais repéré sur Google Maps le « Shifen Lao Jie Parking ». Manque de bol, les lieux étaient occupés ce jour par une tente (j’apprendrais assez vite que c’est le spot de catering d’une équipe de tournage).
Du coup, j’ai commencé à chercher à me garer dans les parages au petit bonheur la chance, mais ce sont des ruelles étroites et le peu de places disponibles étaient bien évidemment déjà prises, notamment autour du Shifen Park, petit coin de verdure alors en cours d’aménagement.
En revenant à hauteur du Longxing Temple, l’un des sanctuaires du village, je repère alors un parking, à la base fermé par une barrière. Sauf qu’en m’y approchant, la barrière s’ouvre, je m’imagine alors que c’est un autre parking mis à disposition, en pensant qu’il faille juste payer au moment de sortir. Sur le moment, content de trouver une place, on s’y gare sans trop se poser de question et on marche les quelque 200 m nous séparant de la fameuse voie ferré traversant le village.
C’est alors en pleine effervescence, avec pas mal de monde préparant des lanternes pour s’envoler dans les cieux. Des panneaux indiquent les tarifs ainsi que la signification des couleurs, on apprend ainsi que le rouge est associé à la santé, le jaune à l’argent, le rose au bonheur, etc. (sachant que vous pouvez acheter une lanterne de couleur unie, mais aussi 4 ou 8 couleurs selon vos souhaits).
Dans un premier temps, on fait pas gaffe qu’il y a un tournage en cours, malgré le fait de voir un mec au milieu des rails avec un micro, semblant donner des instructions. Je pensais que ça faisait juste parti de l’organisation des lieux, avant d’apercevoir une grue, le staff et des caméras, je réalise alors (c’est le cas de le dire), que dans cette foule présente ce jour, un certain nombre sont en fait des figurants pour les prises de vues en cours (une équipe indienne, de ce que j’ai pu observer).
Cela fait à peine 10 minutes que nous étions sur place quand on sent un brin d’agitation, tout le monde se range, et le son d’un train s’approchant se fait entendre. La locomotive traverse alors le village et on voit que c’est clairement autant l’attraction que les lanternes. Par la suite, on fait quelques boutiques, on traîne, et déjà, je vois un autre train arriver à la gare. Vingt minutes supplémentaires se sont écoulées et on assiste de nouveau au passage d’un train.
Après quoi, on décide d’alors faire un tour sur le pont suspendu, situé juste à côté de la voie de chemin de fer. C’est un pont pour les piétons uniquement et permet de traverser la rivière pour rejoindre une autre partie du village. La vue est sympa, sans être toutefois exceptionnelle. On a une vue partielle du village et on est entouré par les montagnes, bien vertes à cette saison, mais on a aussi en visuel pas moins de 3 ponts, dont l’un est en hauteur dans le fond, car la nationale enjambe à cet endroit la rivière.
Sur le pont, on observe des locaux s’adonner à la coutume locale, qui consiste manifestement à allumer des bâtons d’encens et faire péter des pétards. De l’autre côté, je sais qu’il y a un autre parking à 100 m de là mais autrement, c’est littéralement désert. On ne s’y attarde pas et revenons vers la old street après encore quelques photos sur le pont.
Ça fait déjà une bonne demi-heure qu’on est là, et on passe avoir vu l’essentiel donc on commence à repartir vers le parking rejoindre la voiture. Je démarre, m’avance vers la borne et là, c’est le drame… Je pensais qu’il y aurait une borne pour payer en cash ou quelque chose, sauf que non… Rien de tout ça… Et en regardant les voitures autour de nous, on s’aperçoit qu’il s’agit en fait essentiellement de taxis… On était en fait garé sur un parking réservés aux professionnels…
Du coup, on se retrouve comme des cons coincés sur le parking… En demandant à un chauffeur resté dans son véhicule attendre ses clients en visite dans le village, ce dernier nous conseille alors de demander aux habitants du village…
Nous voilà repartis au cœur du village et revoir ses rails. On a un peu de mal à trouver des interlocuteurs comprenant l’anglais, mais on fini par apprendre qu’il est possible d’obtenir un pass, en payant pour un certains montant des objets dans l’une des boutiques de souvenirs… Je laisse donc cette mission à Jitima qui trouvera son bonheur à l’un d’elles, le temps pour moi de voir le passage d’un énième train et reprendre quelques photos.
Une fois le précieux sésame en poche, on a pu revenir au parking et enfin ouvrir la barrière, même si on reprenait la voiture que pour un court trajet.
Shifen Waterfall : la plus connue des cascades de Taïwan
Il y avait à peine 1 kilomètre et demi à parcourir pour arriver à notre prochaine visite, mais l’air de rien, cette petite mésaventure du parking nous ayant fait perdre une bonne heure, on voulait grappiller un peu de temps en s’approchant le plus possible de la cascade.
Normalement, l’accès principal se fait via le Shifen Visitor Center, où se trouve un grand parking de l’autre côté de la route. De là, un pont suspendu mène à un sentier longeant la rivière jusqu’à un autre pont suspendu. Une autre option étant de continuer sur la route après le parking, cette dernière arrivant vers un autre chemin menant également à la cascade, sans avoir à traverser la rivière.
Dans notre cas, c’est à côté du 2e pont que je tentais ma chance, alors que se trouve également un parking, plus petit mais libre d’accès sans barrière (donc gratuit, l’autre étant avec barrière donc je suppose, payant). Coup de bol, c’est pas la cohue donc on trouve une place. Il nous reste alors environ 300 m pour arriver à hauteur de la plateforme d’observation de la cascade de Shifen.
Cette chute, de dimension honorable, 20 m de haut pour 40 de large, est considérée comme l’une des plus belles de Taïwan, en faisant une destination populaire. Pour y accéder depuis le parking, il faut passer à travers un restaurant, puis, après quelques marches, on longe un ruisseau, traverse un petit pont en pierre et on arrive à hauteur du pont suspendu, Guanpu Bridge.
À cet endroit, le ruisseau en question se jette dans la rivière sous la forme d’une petite cascade appelée « Yanjingdong Falls ». En parallèle du pont suspendu se trouve un autre pont puisque la voie ferrée passe ici, elle longue la rivière en surplombant légèrement le sentier menant à la cascade.
Peu après le pont, on est accueilli par une ribambelle de statues de petits chevaux en bronze, puis on arrive assez vite à la zone de restauration. Depuis le parking, il nous a fallu à peine 1/4 d’heure pour voir enfin la cascade. Avant d’accéder à la principale plateforme, située juste à côté du haut de la chute, on s’engage sur le chemin situé en hauteur.
Un passage nous fait alors passer au-dessus du chemin de fer, pile-poil au moment où un train se décide à passer. Dans cette partie, il y a un réseau d’escaliers et chemins serpentant à travers la forêt, l’un d’eux menant justement au premier parking que j’évoquais plus haut. Des panneaux indiquent les différents points d’observations possibles, c’est donc facile de se repérer.
On se rend d’abord vers l’un d’eux, avant de suivre un sentier menant au pied de la cascade, lui faisant face. Comme le temps est maussade, y’a pas foule donc c’est plutôt agréable même si niveau photo, c’est forcément moins top.
Après ma série de photos, on remonte directement vers la plateforme principale via un escalier à flanc de colline, avec le bassin de la chute sur notre droite. Le temps de faire encore quelques photos et revenir à la voiture, cette visite nous aura occupés pendant une heure.
Passage dans les montagnes de Ruifang
Notre prochaine et dernière étape était le village de Houtong, une demande de Jitima qui, adorant les animaux, voulait passer du temps dans ce village atypique, sa particularité étant d’y abriter un grand nombre de chats errants.
Normalement, on aurait pu reprendre la nationale en sortant des montagnes par l’Ouest et accéder à cette même vallée en y revenant par le nord, un trajet qui se fait d’après le GPS en une demi-heure. Mais comme le but ça reste de visiter et qu’on quitte Shifen vers 15h, il nous reste encore largement du temps.
Du coup, j’avais repéré une route sinueuse qui serpente à travers les cimes, passant notamment à hauteur d’un point de vue, repéré sur Google Maps par « Buyan Pavilion« . Pour s’y rendre, il y avait deux possibilités, soit passer par le nord, soit par le sud. Sachant que le nord ça prenait plus de temps, je faisais un compromis en choisissant le sud.
Se faisant, on passait à travers Shuangxi, autre village qui possède sa « Old Street » mais sans s’y arrêter, puis je m’engageais sur la route s’enfonçant dans la montagne. On amorce une série de virages parfois bien en épingle, et dès que les conditions le permettent (vue dégagée, possibilité de se garer), je ne peux m’empêcher de faire quelques petites photos.
Il me faut alors presqu’une heure pour rejoindre le fameux point de vue, où l’on verra pas mal d’automobilistes s’arrêter (alors qu’on croisait personne le long de la route). Malheureusement, la météo n’est toujours pas de notre côté ce jour et le ciel chargé gâche un peu le paysage donc on ne s’y attardait pas.
À peine 2 kilomètres plus loin, je faisais un stop express à un autre point d’observation, « Shumei Observation Deck« . De là, on peut apercevoir au loin Yingyang Sea, où nous étions passés la veille, mais le ciel est tellement gris que la mer se confonds avec ce dernier.
Sur ma gauche, je vois une colline recouverte de tombes, un cimetière chinois typique. Derrière celui-ci se trouve Jiufen, village immanquable à voir dans la région mais déjà visité la veille.
On passait justement à travers Jiufen puisque la route pour rejoindre le village d’Houtong était à seulement 3 km de là.
Houtong : l’ancien village minier devenu refuge des chats
Quand on arrive à Hountong, la pluie, même si elle reste légère, s’invite à la partie. Pour situer dans le temps, au lieu des 30 minutes pour un trajet direct au plus vite, on a mis 1h30 depuis Shifen. Il est donc 16h30 lorsqu’on entame notre visite du village.
Sachant qu’en arrivant sur place, j’ai traversé le premier pont croisé en voyant un panneau indiquant un parking. Si j’avais su, je serais allé directement au plus près puisqu’il y a un autre parking juste à côté de la zone principale, à 500 m de là où je me garais, et ce dernier était assez vide à l’heure où l’on débarquait.
Depuis ce parking, on aurait pu rester du même côté en longeant la voie ferrée (la même que celle passant à travers Shifen), mais quitte à marcher un peu, je traversais volontairement le pont, se faisant, on passait à travers une partie du village longeant la rivière Keelung. C’est désert vu le temps, mais ça nous permets de croiser nos premiers chats.
Les habitations s’avèrent assez sommaires et l’architecture globale donne un sentiment d’autant austère que la météo maussade accentue cet effet là. Mais l’air de rien, on profite un minimum, Jitima est toujours ravie de dire bonjour aux chats pendant que moi, j’essaie de figer ces instants au mieux. C’est d’ailleurs parce que je prends beaucoup de photos que j’arrive à bien restituer dans le temps ce qu’on a fait, et je peux constater qu’on a suffisamment traîné pour parcourir ses 500 m en 20 minutes.
C’est après avoir traversé le pont à arches qu’on arrivait devant l’espace aménagé de l’ancienne mine, transformé en un musée. Car oui, il faut savoir qu’Houtong (aussi orthographié Houdong), avant d’être le village aux chats, s’est développé grâce à ses mines de charbon.
Et si dans notre cas, c’est bien la présence des félins qui nous a attiré dans ces lieux, le village et ses environs sont à la base dédié à la mémoire des mineurs et de cette industrie révolue. Sur cet aspect, on a survolé la zone, car il est normalement possible, en plus des musées, d’accéder à d’anciennes mines sur des wagonnets, en traversant le pont de l’ancienne usine, le Yunmei Bridge, d’où il y a aussi une belle vue sur cette vallée.
Il faut dire que le village met quand même pas mal l’accent sur les nombreux chats peuplant aujourd’hui ce petit village, avec partout des effigies à leurs images, sous forme de panneaux, peintures et sculptures. Même les devantures des quelques boutiques de souvenirs vont plutôt privilégier l’animal plutôt que son passé minier.
Lorsqu’on arrive sur place, il est quand même assez tard donc c’est assez calme. La plupart des gens qu’on croise semblent finir leur visite quand nous on la démarre à peine… Les quelques restaurants du village sont encore ouverts, mais malgré la faim, on privilégie de finir la visite.
Très vite, on croise les premiers chats qui déambulent librement dans ce grand espace jouxtant l’ancienne mine, avec au sol des pavés symbolisant les anciennes voies ferrées qui reliait l’usine à la ligne principale.
On s’engage alors vers la gare, dans laquelle on constate des petits paniers mis à disposition des chats pour y dormir, ainsi que des coins aménagés avec des croquettes et de l’eau, un vrai repère à chat ! (même si pour le coup, c’est pas là qu’on en a vu le plus).
Pour traverser les rails, on monte et passe une passerelle couverte qui rejoint la partie principale du village, avec ses maisons adossées à la montagne. Il y a des panneaux d’explications mais qu’en chinois, de multiples figurines de chats en cartons et des coins à croquette, les lieux servant aussi de lieu de vie pour ses félins.
Sur la partie haute du village, outre la vue sur les montagnes, brumeuses ce jour, vous y trouverez plusieurs petits cafés, comme le « 217 cafe » ou le « Meow Meow » dont le nom est sans équivoque sur la star du village.
À la base, on se serait bien posé quelques minutes dans l’un d’eux, mais on n’a trouvé que portes closes ce jour-là. Après, on n’a pas insisté, car certains devaient encore être ouverts (les derniers ferment à 18h), mais comme l’heure tournait, je voulais quand même aller jeter un œil au musée à l’entrée avant que ça ferme (il est alors 17h30 passé).
À l’intérieur du musée, y’a en fait pas grand-chose, la plupart des explications sont uniquement en chinois… À part une maquette de l’usine du temps de sa gloire et apprendre que cette dernière a fonctionné entre 1965 et 1990, je n’en saurais pas plus.
Avant de repartir, on a hésiter s’arrêter manger dans l’un des petits restaurants local encore ouvert, mais le choix était trop limité et comme il fallait encore rentrer, alors que la nuit allait tomber, on décidait finalement de revenir à la voiture et conclure cette journée dans les montagnes du nord de Taïwan.