Après la visite de l’université de Nalanda, nous en avions finis avec les visites du jour. Nous rentrions donc au Wat Thai à Bodhgaya, le trajet aller-retour nous aura coûté 3 000 Rs.
C’était l’occasion de flâner un peu plus dans les petites rues de la ville, histoire de voir autre chose que le temple de la Mahabodhi. Même si nous avions déjà eu un aperçu après cette balade nous emmenant vers le soit disant orphelinat, partir rencontrer les habitants étaient important pour moi.
Le Wat Thai à Bodhgaya
En arrivant, nous nous faisons la réflexion que nous n’avons même pas été faire un tour dans le temple. Nous rentrons donc par l’accès sur le côté, celui normalement pour les moines, dont nous en croisons un et demandons si on peut bien rentrer. Oui et peut et là, scène bizarre ! Nous nous retrouvons derrière des barrières, l’accès aux visiteurs extérieurs étant limité qu’au seul périmètre autour de l’entrée !
On se retrouve là donc avec un groupe d’Indiens qui visite les lieux et commencent du coup à nous demander des photos… Ça nous donne l’impression d’être dans un « zoo »…
Étonnés par cette barrière, nous demandons donc au moine présent dans le temple pourquoi, la réponse est lié au comportement des Indiens qui ont tendance à toucher à tout sans y être autorisé. Ils ont donc dû prendre cette décision radicale en limitant l’accès à l’intérieur de l’édifice…
Bodhgaya, la pauvreté à l’état pur…
Après cela, il nous restait encore un peu de temps avant de la journée. Je décidais donc de retourner près de l’autre temple Thai où nous étions allés la veille. J’avais envie d’aller dans les ruelles de cette partie de la ville, ou village, on ne sait pas trop en fait…
Car ces petites rues étroites toute de terre vêtue ne donnent en aucun cas une impression de ville, si ce n’était le nombre d’habitants et les quelques bâtiments administratifs (On aura l’occasion d’aller dans une banque demander du change, donc pour ça Bodhgaya reste bien une ville… Enfin, vu l’allure de la Banque, je doute encore).
Comme je l’évoquais en intro, j’avais envie d’en voir plus. Le contact avec les habitants étant toujours ponctué de sourires, même si la gêne est parfois palpable de mon côté, car j’ai toujours ce sentiment de participer à une sorte de « voyeurisme ». Je sais que c’est un débat particulièrement flagrant lorsqu’il s’agit de visiter des bidonvilles.
Là, il ne s’agissait ni de bidonville, ni de visite organisé, mais le fait de croiser cette pauvreté ambiante, alors qu’on se balade avec notre matos photo équivalent à un an de leur salaire (et encore…), ce n’est pas un sentiment facile à apprivoiser.
Nous repasserons par la même rue que la veille et recroiserons donc des têtes connues. Les gamines sont toutes contentes. On se fera accoster pour nous demander des sous au final encore une fois… On nous présente un bébé alors qu’on nous fait asseoir.
Le bébé à l’air effectivement d’avoir des problèmes de peau. On leur fait alors savoir que le Wat Thai dispose justement d’une clinique offrant des soins gratuit. Ceux-ci arrivent à nous rétorquer qu’ils ne sont pas bons ou quelque chose dans le genre, car après tout eux ce qu’ils veulent au final, c’est des sous…
On partait en donnant juste sur le principe, mais en se sentant lésé et fatigué par ce comportement qui mêlent énervement et sentiment d’impuissance face à cette pauvreté qu’on nous balance à la gueule.
Notre chauffeur de ce matin leur reproche de se laisser aller dans cette pauvreté en se contentant de mendier et traîner dans la rue plutôt que de tenter autre chose… Va savoir qui a raison ou tort dans cette histoire. Le touriste lui n’est bon qu’à sortir son porte-monnaie ?
C’est le genre de balade qui nous déphase sur notre train de rythme quotidien.
Se balader comme ça dans des coins probablement « vierge » de toute visite d’étrangers attire forcément les regards, des regards tantôt curieux, tantôt amusés, parfois juste indifférent. Ce sont évidemment les enfants qui sont les plus actifs en nous voyant, tout sourire pour la plupart comme ce groupe de gamins sortant tout juste de l’école.
C’est le genre de balade qui nous déphase sur notre train de rythme quotidien. Voir ces gens faire leur vaisselle dehors sur un terrain boueux, utilisant de la bouse de vache comme « liquide » vaisselle (bouse qui décidément sert un peu à tout, on comprend mieux pourquoi la vache est sacrée…), ou ceux qui se lavent dehors tel quel, via le « luxe » d’une pompe à eaux éparpillée de-ci de-là.
Cela donne presque un sentiment de se sentir coupable d’avoir à notre disposition un tel confort (y a qu’à voir rien que l’appareil photo qui pour eux reste encore, pour beaucoup, inaccessible… sans compter le smartphone qui trône dans ma poche…)
Une fois revenus de cette expérience unique, nous devions revenir au temple, car il nous fallait faire nos sacs avant de partir vers la gare le soir même. On prendra le temps de manger un dernier repas avec d’embarquer dans un taxi (encore une voiture du temple) pour rejoindre la gare de Gaya moyennant 500 Rs.
En attendant le train pour Varanasi
À là gare, c’est une véritable cohue… Allongé sur le sol, beaucoup de monde, pour la plupart en train de dormir un peu partout, dehors, sur les quais. Comme nous sommes un peu en avance, on se prend comme tout le monde un genre de « tapis de sol » en plastique et on commence à chercher un coin où se poser…
Finalement en voyant des sièges libres dans la salle d’attente pour les premières classes, on décida de squatter là. Squatter, car concrètement, nous n’étions pas en 1re… Mais comme la nana qui surveille n’était pas là au moment où nous sommes arrivés ça l’a fait (On l’a vu par la suite nous regarder d’un œil genre, « je les ai contrôlés ceux-là ou pas ? »).
On croisait là les rares autres étrangers du coin, et si on avait certes des sièges, il faut admettre que ça puait un peu la pisse… Mais bon, c’est l’Inde plus rien déjà ne nous choque vraiment…
L’attente du train a été un peu stressante, car il n’y a aucun affichage moderne. Pour savoir où le train va arriver, il faut vérifier un tableau où est imprimée la liste des passagers en entrée de la gare. Outre de confirmer que vous êtes bien inclus dans le train en question, cela marque normalement le numéro du quai d’arrivée.
Là y avait rien…
Je me levais toutes les 10 min pour aller voir, enjambant toutes les personnes dormant autour qui ne bougent pas d’un poil… C’est en vérifiant notre billet et le numéro du train que je me suis aperçu que notre train était bien à quai et que c’était l’heure d’embarquer !
Je cours rejoindre Jitima qui s’endormait et on chargeait nos gros sacs sur nos dos et fonçait vers le train ! Ouf ! On a eu chaud (évidemment y a eu des annonces de faite, mais on entendait rien)
Une fois dedans, on trouvera nos couchettes respectives et comme la dernière fois, au moment du départ, les éventuelles personnes en rab dans la cabine rejoignent leur place respective. Un mec passe distribuer les draps et c’est parti pour une courte nuit, direction Varanasi, toujours connu sous le nom de Bénarès.