Sapa : une après midi dans la montagne et les rizières avec une famille Hmong
Sapa, ville de montagne, perchée à 1 500 m d’altitude. Voilà une visite qui est plus du ressort de madame que du mien. En établissant notre programme pour ce voyage au nord du Vietnam, j’aurais volontiers zappé Sapa si cela ne tenait qu’a moi, pourquoi ?
Sapa, trop touristique ?
Principalement à cause de cette réputation d’un tourisme trop développé, et les ethnies qui, bien qu’ayant l’air accueillantes, se retrouvent au final à gérer des hordes de touristes, cela me semblait nuire à l’expérience et à l’aspect convivial censé être la clé de cette rencontre.
Autrefois isolée, Sapa fut d’abord une base militaire avant de devenir une station d’altitude coloniale, qui resta ensuite active durant près de cinquante ans, développant ainsi les interactions entre les locaux par l’intermédiaire de la création d’un marché.
Vint une période trouble lié à la guerre d’indépendance puis du Vietnam.
Aujourd’hui, c’est redevenu une station de montagne prisée, d’abord principalement par les Vietnamiens dès 1993 quand la zone s’est rouverte au public, puis progressivement aux touristes étrangers.
Comme finalement Sapa fut intégré au séjour, voilà comment s’est passé notre rencontre avec les Hmong.
Un trek pas comme les autres : Rencontre avec notre guide
Arrivé tôt dans la matinée, nous ne pouvions procéder au check-in de notre hôtel direct, du coup, on avait du temps pour visiter un peu les environs avant de nous décider sur quoi faire ensuite. C’est en passant vers la grande place qui jouxte l’église, on se faisait aborder par l’une de ces femmes de l’ethnie Hmong, plus précisément, de l’ethnie « Black Hmong ».
Classiquement, puisque c’est donc la « tradition » à Sapa, elle nous invite à nous emmener dans son village. Bon, concrètement, vu qu’on était là et que Jitima tenait à venir à Sapa, on n’avait pas non plus de raisons de ne pas y aller.
Par contre, je ne voulais pas partir tout de suite, et par manque de temps, je proposais d’y aller en moto plutôt qu’à pied…
Exit donc le fameux trek de Sapa pour nous… J’imagine déjà des regards noirs se poser sur moi… « Frénésie ! », « Pourquoi ne pas marcher avec elle, c’est ça qui rend l’expérience intéressante », etc.
Avant tout, c’est par manque de temps. En voyage, on a des choix à faire, là, je privilégie de vouloir passer plus de temps sur place, au village. De plus, quand on voit l’aspect commercial et tous ces groupes de touristes partant en joyeux troupeau avec leur(s) guide(s) du jour, on se dit qu’au moins, on a le mérite de faire ça différemment…
On se met donc d’accord pour la retrouver au même endroit à 13h et quittions Sapa, direction le Tram Ton Pass.
Passage du col de Tram Ton et Thac Bac Waterfall
Si vous faites la boucle depuis l’autre côté (en passant par Mai Chau, Dien Bien Phu et Lai Chau entre autres), vous passerez probablement par ce col pour rejoindre Sapa.
Dans notre cas, c’était juste histoire de jeter un œil à la vue depuis le passage du col, et en effet, quelle vue !
La route y menant est également jolie, logeant l’imposant mont Fansipan, qui domine la région de Sapa. Si vous avez le temps, vous pouvez faire un trek jusqu’à son sommet, qui culmine à 3 143 m.
Nous, on se contentait d’un arrêt à un point de vue et à la cascade de Thac Bac (aussi appelé en anglais Silver Falls, les chutes argentées).
L’eau fait une chute d’environ 100 m sur plusieurs étages. Pas particulièrement impressionnante, l’entrée, payante tout de même, ne coûte que pas grand chose (prix exact à venir). Et après tout, c’est sur la route, alors autant si arrêter.
Sapa, petite ville montagnarde
Après notre balade matinale, nous revenions donc vers l’hôtel procéder au check-in, on aura la surprise d’être « surclassé » dans une chambre supérieure qui donne sur une grande terrasse avec une superbe vue sur les montagnes et la ville de Sapa.
Je profite de ce passage pour signaler que nous avions dormi à l’hôtel Sapa Stunning View, qui porte bien son nom et l’accueil était super donc je recommande (environ 15€).
Je viens de voir par ailleurs qu’ils ont racheté l’ancien Family Guesthouse, un peu plus en amont (au numéro 28 de la même route au lieu du 63 ou se trouve l’hôtel originel) pour en faire un Stunning View 2.
Comme nous avions encore un peu de temps avant qu’il soit 13h, on allait faire un petit tour dans la ville, histoire de se trouver un restaurant pour manger. En ce faisant, on arrivait au bord du lac.
On se fera aborder, par un groupe de femmes Hmong, des vendeuses de bijoux et souvenirs… L’une d’elles, une sympathique mamie au sourire généreux. C’est surtout une sacrée vendeuse !
Pendant que je m’éclipsais pour prendre des photos, Jitima finissait par lui acheter quelques babioles. Passé ce petit moment au bord du lac, nous revenions comme promis vers la place de l’église revoir notre « guide » du jour.
La vallée de Ta Van
Il a d’abord fallu attendre qu’on vienne la prendre en moto, puis récupérer une amie rentrant aussi au village. Enfin, direction le village de Hau Thao, situé tout de même à 10 km de Sapa (donc comptez bien 3-4h si vous y allez à pied !).
Au fur et à mesure qu’on s’éloignait, on se confortait dans l’idée qu’on avait bien fait de préférer la moto…
On a négocié le « tour » à 25$, incluant le repas et l’essence pour leur moto. Plutôt correct bien que celle-ci ai menti sur le prix de la taxe à payer sur la route menant au village, taxe dont on verra le prix affiché au moment ou celle ci ira payer au passage en question, tarif = à peine 1 dollar alors qu’elle nous disait que c’était 5$.
Cela dit, cela reste un excellent prix et on allait passer une après-midi relax dans un cadre vraiment super !
En attendant, nous longions une partie de la vallée de Ta Van. On s’arrêtait de temps en temps à un point de vue aménagé pour prendre des photos, non sans croiser d’autres vendeuses, dont la plupart sont des enfants…
Le village de Hau Thao
Alors que nous approchions du village, notre guide s’arrêtait dans une petite échoppe en bord de route pour faire ses courses, afin d’acheter de quoi nous préparer le repas.
Puis, peu après, nous bifurquions depuis la route principale pour grimper sur une petite route secondaire qui devient vite un chemin de montagne avec les premières maisons, notre point d’arrivée.
Je garais la moto et l’on partait ensuite à pied, à peine 5 minutes pour rejoindre la maison où nous passerons l’après-midi.
Durant la préparation du repas, nous faisions connaissance avec les enfants de notre hôte et partions faire quelques photos des environs.
C’est autour du repas qu’on apprenait à connaitre un peu mieux notre guide et les coutumes de son ethnie, les black Hmong pour rappel.
On apprenait ainsi quelques mots de sa langue natale, comment elle a appris l’anglais en discutant avec les touristes, que contrairement à d’autres femmes de Sapa, elle ne fait guide qu’en complément, à raison d’une à 2 fois par semaine.
Les cochons devant la maison sont gardés pendant un an, jusqu’au nouvel an Hmong où ils seront sacrifiés et mangés.
Son niveau de la langue de Shakespeare étant plutôt bon, c’était une discussion enrichissante et le tout, autour d’un excellent repas, il faut le dire, ce fut le meilleur de tous nos repas !
Une bonne après-midi au calme du village, dont je regrette que les rizières ne soit pas encore plantées, mais le décor reste déjà fabuleux.
À la fin du dejeuner, elle nous sort une bouteille avec un liquide transparent, ma femme pensait que c’était de l’eau et commence à avaler cul sec son petit verre qu’on vient de lui servir…. De l’alcool de riz, qu’ils appellent localement « happy water », on comprends pourquoi…
Notre hôte et nous-même prenons plusieurs verres sans pour autant être saoul non plus.
On ne pouvait repartir sans que celle-ci et sa copine nous montrent quelques produits artisanaux qu’elles fabriquent quand elles n’accueillent pas de touristes.
Jitima trouvant son bonheur, notre hôte l’est tout autant !
Mes excuses la concernant, je n’arrive pas à retrouver le nom de notre guide, mais je l’ai soigneusement noté sur mon carnet de voyage papier que je dois retrouver (les joies des travaux à la maison…)
Arrivait le moment des adieux, photos souvenirs alors que le soleil couchant baignait d’une douce lumière rougeâtre tout le pan de la montagne qui nous fait face.
On prendra aussi le temps de s’arrêter admirer le coucher de soleil le long de notre remontée vers Sapa. Prochaine étape ? Le marché de Bac Ha.
Pour ma part, si j’étais réticent à l’origine à venir dans la région, j’ai vite changé d’avis face à ces paysages fantastiques et aux possibilités qu’offrent les environs de Sapa. Certes, la ville est touristique, il y a un aspect commercial indéniable dans l’interaction avec les populations locales, mais il est, a priori, tout à fait possible d’en apprécier l’expérience en faisant les bons choix.
Et vous, quel fut votre expérience à Sapa ? Quel avis sur le développement touristique des lieux ? Envie d’y faire un tour ?
Rom
Magnifique, et étonnant car je reconnais une dame qui m’a accompagné une fois a Sapa , elle était gentille comme toute. En tout cas, un beau reportage et de belles photos. Bon voyage
Romain
Merci Rom ! Tu sais comme on dit, « le monde est petit » 🙂 Merci aussi de me souhaiter bon voyage mais je suis déjà revenu voilà 2 mois 😉
Laurent
Moi qui suis un grand inconditionnel des rizières, Sapa faisait partie clairement des endroits où je voulais absolument allé le jour où j’irais au Vietnam. Mais j’avoue qu’après avoir lu pas mal d’histoires sur le côté très très très commercial de la chose, tout comme toi Romain, j’hésiterais maintenant. Mais au font, je pense que si on y va en connaissance de cause, les paysages sont toujours les même est doivent être splendides (tes photos en donnent cette impression en tout cas), donc il y doit y avoir moyen de passer un très bon moment.
Mais avec une moto, il n’y a pas des villages moins accessibles et un peu moins « envahis » qui seraient accessibles en fait ? C’est plus ou moins ce que j’espère dans un coin de ma tête pour le jour où j’irai (d’où aussi ma question moto il y a pas… incroyable ce que je peux avoir de la suite dans les idées parfois !!
Romain
Concernant la moto, tu m’as un peu embrouillé avec la tournure de ta phrase… mais en gros, c’est bien justement ce qu’on a fait , de la moto ! J’imagine qu’il y a certainement des villages encore plus tranquille en s’éloignant un peu plus de Sapa, notamment vers le nord (on avait fait nos repérages mais on a manqué de temps pour y aller parce que c’est à plus de 100 bornes quand même et en montagne, 100km c’est long…)
La Fée Biscotte
Whouaa je suis en admiration par ces paysages, personnages…Magnifique. Merci pour cette belle découverte.
Romain
Avec plaisir ! Merci à toi pour ton commentaire !
Laurent
Oups, je suis pro des phrases à rallonge où on finit par ne plus rien comprendre, c’est ma patte 😉 Oui, j’avais bien compris que vous voyagiez à moto, je m’interrogeais sur les zones plus reculées, mais en effet, 100 km dans les montagnes, ça n’est pas rien !
Romain
Lol. Les zones reculées, on en a atteint… je me suis perdu quasiment jusqu’à la frontière avec la Chine, arrêter par un poste de garde avancé et peu après, re erreur; la route devenant chemin, j’étais clairement dans des zones non visitées…
Jérémie de Oliveira Marinho
Superbes photos, J’ai moi même voyagé plusieurs fois et suis tombé amoureux en 2015 d’une fabuleuse famille Hmong qui vit à quelques minutes à pieds de la maison où vous avez séjourné. Depuis j’ai passé un peu plus d’un an réparti en 6 voyages dans le village d’Hau Thao chez Mama Lili. Je m’y réjouis à chaque fois que j’y retourne et prend toujours autant plaisir à accompagner Mama Lili dans toutes ses activités. Lorsque je me promène seul dans les rizières du village, j’adore me rendre chez votre hôte qui bénéficie selon moi d’une des vues les plus spectaculaire du village et des montagnes environnantes. Je n’ai malheureusement jamais eu l’occasion de séjourner chez eux car je me cantonne à approfondir ma relation avec la famille que j’ai si bien appris à connaitre au fil des années.. Mais j’ai déjà plusieurs fois eu l’occasion de discuter avec votre hôte qui semble être comme beaucoup de villageois de la région très avenante et sympathique.
Pour revenir sur la question de Sapa qui est souvent perçu comme une ville commerciale où l’on se fait souvent démarcher par les ethnies locales, je pense qu’il est bon de passer outre les oui-dires et de se faire son propre avis. Certes, il est vrai que dés notre arrivée à Sapa, ces dames nous attendent à la porte du bus et nous accoste à tout va dans les rues de la ville, mais il ne faut pas oublier que beaucoup parmi elles n’ont pas eu la chance de s’instruire ou même d’apprendre à maitriser les outils technologiques que nous utilisons chaque jour. C’est pourquoi, c’est pour elles le seul moyen de faire prospérer leur activité, une fois cette notion acquise, rien ne nous empêche de discuter avec elles lorsqu’elles viennent nous aborder pour en apprendre un peu plus de leur culture et pour connaître les raisons de ce démarchage qui parait souvent un tant soit peu agressif.
En réalité, toutes ces femmes sont des forces de travail, tant à la maison qu’en dehors, elle s’occupe très souvent à la fois de leur maison pour accueillir au mieux les visiteurs, du jardin, des rizières et récoltes pour nourrir leur famille et les visiteurs et s’efforce de se lever chaque matin à 4 ou 5h pour préparer le petit déjeuner pour la famille avant de se rendre en ville pour essayer de gagner un peu d’argent afin d’avoir l’opportunité de consommer un peu plus que ce que la famille parvient à produire.
Participer à cela en visitant ses familles, en se laissant entrainer dans les activités qu’elles proposent permet également à ses ethnies de garder confiance en l’avenir de leur business, de faire perdurer ces belles rencontres et ses experiences chez les locaux qu’il est difficile de trouver dans bien des pays.. C’est aussi un moyen pour ceux qui restent un peu plus longtemps et décident comme moi de s’investir dans la vie des familles de rencontrer beaucoup de voyageurs de passage et de partager avec eux nos experiences de voyage et d’avoir des discussions qui sortent un peu de l’ordinaire.
Certes, on peut s’éloigner de Sapa. pour vivre des experiences un peu plus roots. Je dirai qu’une 20aine de km suffirait à trouver aisément des familles dont l’activité de homestay n’est pas prioritaire et leur demander s’il est possible de partager quelques jours avec eux. Mais ceci ne s’adresse qu’aux voyageurs pour qui le confort n’est pas important. La première fois que j’ai rencontré Mama Lili, sa maison était modeste mais la curiosité de la famille et leur intérêt pour ma personne était d’autant plus grande. Mais 8 ans après la famille m’accueille toujours les bras ouverts, ils sont toujours resté très généreux et soucieux de mon bien être avant tout afin que je passe le meilleur séjour possible. Je pense qu’il en est de même dans chaque famille ethnique de la région.
Alors pour ceux qui doutent encore, ceux qui n’ont pas le temps de se plonger dans des villages un peu plus perdu au nord dans la région de Dong Van, Meo Vac ou encore Cao Bang, foncez, vous trouverez toujours à Sapa le même esprit si vous savez faire abstraction des préjugés et creuser un peu la surface, vous y trouverez toujours chez ces gens une infinie gentillesse.
Romain
Bonjour,
Merci pour ce témoignage bien complet. Marrant que vous soyez tombé sur mon hôte. Il va sans dire que l’expérience de Sapa possède une part de chance. Dans notre cas, on garde un bon souvenir mais il est vrai qu’avant de partir avec l’une de ces dames, on ne sait pas où ni comment ça va se passer. Le village où l’on atterrissait était super photogénique, notre hôte adorable et certainement que d’autres auront une expérience moins authentique et immersive, d’où certains avis négatif sur ce lieu qui reste une étape incontournable au nord du Vietnam.