Wat Chaloem Phrakiat : un temple atypique dans la région de Lampang
Le Wat Chaloem Phrakiat (วัดเฉลิมพระเกียรติ) est un temple situé au nord de la ville de Lampang, dans le disctrict de Chae Hom. Il s’agit d’un temple qui se divise en plusieurs zones et dont son atout majeur en faisant une attraction de choix dans la région, est son sommet rocheux, où se répartissent un ensemble de stupas et des structures à la base destinées à la méditation mais offrant une vue spectaculaire sur la vallée en contrebas.
Wat Chaloem Phrakiat, un nom parmi d’autres
Là où c’est parfois compliqué de s’y retrouver en Thaïlande, c’est dans les noms attribués aux lieux, dont la translittération et les noms donnés peuvent varier selon les sources. C’est le cas justement ici où à l’origine, j’avais entendu parler de ce temple comme étant le Wat Phra Bat Pu Pha Daeng (วัดพระพุทธบาทปู่ผาแดง), nom qui figure toujours sur la carte, car cela fait référence au nom du promontoire sur lequel la partie haute du temple est construite, le Doi Phra Bat, lui même ayant un autre nom, le Doi Pu Yak.
Si on regarde la carte sur Google Maps, il est maintenant répertorié comme le Wat Chaloem Phrakiat (orthographié de son nom complet le Wat Chaloem Phra Kiat Phrachomklao Rachanuson…), et comme si cela ne suffisait pas dans la confusion, il est aussi connu sous la dénomination de Wat Phra Phutthabat Sutthawat même si ce dernier est clairement moins dominant.
Si on ajoute au fait que le terme principal « Wat Chaloem Phrakiat » reste une expression assez « générique », on retrouve plusieurs temples à travers la Thaïlande portant ce même nom, dont un assez réputé à Nonthaburi, ville voisine de Bangkok au nord.
Un temple perché moderne
À la base, il a été construit par les moines et villageois du coin pour commémorer les 200 ans de la naissance du roi Mongkut (plus connu sous son nom dynastique Rama IV). Le souverain étant né en 1804, les travaux ont donc débuté vers 2004. Il fallut 10 ans pour ajouter tous les bâtiments surplombant la vallée à 815 m de haut. La confusion de nom a d’ailleurs fait écrire sur un site francophone que le temple date de 1850 alors que c’est celui de Nonthaburi… mais si vous regardez les bâtiments, vous remarquerez assez vite que c’est de conception moderne.
Pour en profiter au mieux, évitez de vous y rendre de février à mai car autrement vous aurez une vue très brumeuse du fait de la chaleur et surtout des brûlis qui embaume les plaines (c’était le cas au moment de ma première visite, un mois de mars, sur la photo de gauche ci-dessous). Notez aussi que si le temps est vraiment mauvais pendant la saison des pluies, il peut arriver que le temple soit inaccessible (ça reste rare même si ça m’est arrivé une fois, le haut de la colline était alors sous les nuages).
La partie basse du temple
On peut concrètement distinguer deux parties. La première, non loin du parking, constitue la zone principale du temple, au pied de la montagne Doi Pu Yak, l’autre nom de la petite montagne. On y trouve un premier petit viharn tout en sobriété, qui contient une petite statue de Bouddha en bronze.
Le second, s’avère plus intéressant en terme d’architecture puisqu’il arbore une grande façade mélangeant des panneaux de bois peints en rouge, ce qui est déjà assez rare pour être noté, et la porte principale est ornée autour d’une sculpture en forme de tour avec quelques dorures.
L’intérieur laisse la charpente visible, avec un ensemble assez sobre et le carrelage est lui aussi d’un style assez inhabituel.
Situé juste derrière ce viharn, on trouve l’indissociable chedi, à la partie supérieure dorée et dont les escaliers à l’entrée sont gardés par des lions dans le style khmer. Lors de ma première visite (ça remonte à 2016), j’avais eu droit à une visite des quartiers privés des moines (normalement non accessible au public).
Il y avait encore peu d’étrangers connaissant ce temple et l’un des moins s’étonnant de notre présence, se faisait un plaisir de nous montrer leur coin détente. Des moines étaient alors en plein nettoyage. Il y a là une terrasse avec une superbe vue sur la montagne.
Depuis le parking, on aperçoit bien les petits chedis et une partie de ce qui constitue une zone à part de ce temple, la partie haute. Cette dernière n’est accessible que via un pick-up local, je détail ça ci-après. Au niveau du point de départ/arrivée des 4×4, trouverez aussi un petit café, restaurant, qui fait aussi supérette, vous aurez aussi des toilettes si jamais.
Accéder au sommet est tout aussi inédit et plutôt folklorique.
La partie supérieure du Wat Chaloem Phrakiat
Une fois garé au parking, il faut s’acquitter d’un ticket qui inclut un trajet aller-retour avec un pick-up, car l’accès par soi-même en voiture n’est pas possible. Vu la montée, c’est pour le coup réellement indispensable, car il faut vraiment un bon 4×4 quand on voit comment la pente est raide.
Ce parcours en pick-up secoue un peu, on se croirait dans une attraction à sensation et les 3,5 km sont atteint en quelques minutes. Une fois au parking en haut, vous pourrez faire une pause toilette et café tout en admirant la vue sur la vallée derrière. Vous aurez encore 200 m avant d’arriver au pied des escaliers et finir les derniers 800 m à pied pour atteindre le sommet.
Des marches métalliques, nous font passer le long de la colline, dont la pente est assez facile sur la première moitié, mais se corse un peu sur la 2e partie. Mais la récompense vaut la chandelle !
À mi-chemin, il y a justement un joli point de vue donnant sur la vallée côté ouest, en direction de Chiang Mai (à 50 km de là à vol d’oiseau). On y voit une rangée de montagnes avec à son pied la vallée remplie de rizières et des villages alentours.
La 2e partie est plus raide. Des panneaux vous indiquent de faire attention aux frelons, charmante attention, mais pour ma part je n’en ai jamais croisé malgré ma venue ici à plusieurs reprises… J’ai oublié de préciser qu’à intervalles réguliers, vous aurez des abris en bambou si jamais vous voulez vous asseoir pour faire un break (c’est généralement le cas juste après la montée la plus pentue, avant de terminer les 50 derniers mètres…)
La végétation autour est pour beaucoup composée de bambous même s’il y a quelques arbres aussi sur lesquels vous pourrez peut être apercevoir un lézard ou des chenilles en guise de faune.
En haut, 2 militaires, des rangers, se trouvaient là en guise « d’accueil », avec une trousse de premiers secours… La première fois j’ai pu boire via un robinet qui sort de gros réservoirs qui filtrent l’eau, pratique si on a pas de bouteille d’eau comme moi… Mais vaut mieux avoir sa propre bouteille bien évidemment.
Vous pouvez sonner le gros gong en guise de « victoire » après cette montée assez épique. Juste le temps de reprendre mon souffle et je montais les escaliers sur la droite afin d’aller sur la plateforme à côté d’un chedi blanc sur la droite. C’est sans aucuns doutes l’un des points de vue les plus spectaculaires de la région. Attention pour ceux qui ont le vertige, mais ce serait dommage de se priver de cette vue, mêmes si brumeuse une partie de l’année (de février à avril), ne reste pas désagréable puisqu’elle donne sur l’ensemble du temple au sommet et toute la vallée autour.
J’ai passé pas mal de temps à observer cette vue, et même si je suis venu plusieurs fois, je ne m’en lasse pas. La vallée en contrebas est pleine de rizières (à la bonne saison), et on peut y apercevoir des villages. Au loin, se profile une autre chaîne de montagne. Cela reste quand même clairement plus spectaculaire avec la bonne lumière et la bonne météo donc c’est à prendre en compte (les premières photos c’était un mois de mars, d’où l’aspect plus sec).
Une fois bien imprégné de ce paysage, vous pouvez vous rendre sur l’autre plateforme qu’on voit depuis le principal chedi, accessible via une petite plateforme. Il faut se rendre cette fois à gauche après l’arrivée. Il y a un petit sentier escarpé menant à cet espace. C’est un lieu de prière montée sur une plateforme en bois, avec sa statue de bouddha indissociable et un gong.
À côté, siège un ensemble de petites pagodes disséminés sur les rochers tranchant qui forment le sommet de cette montagne. Cette particularité vaut aussi à ce temple le sobriquet de temple aux pagodes « flottantes » (Floating Pagodas), ou Chedi Loy Fah (เจดีย์ลอยฟ้า) en Thaï.
Depuis cette plateforme, le point de vue diffère légèrement, on domine la vallée devant mais on peut également apercevoir la vallée derrière. Je prends souvent le temps de me poser là quelques minutes, c’est un lieu idéal pour faire un peu le vide dans sa tête.
En général j’arrive ici vers la fin d’après-midi, le soleil commence alors à tirer sa révérence et s’il est aux environs de 17h, les militaires risque de vous inciter à redescendre, alors qu’eux même parte rejoindre le pick-up qui attends en bas des 800 m pour revenir au parking.
En redescendant, je remarquais des panneaux indiquant une « grotte », en fait des cavités, qui reste inaccessible à l’intérieur, mais on pouvait y voir une échelle et quelques objets religieux posés là dans des niches naturelles sur la roche.
Une fois de retour en bas des marches, soit vous devez revenir jusqu’au niveau de l’aire de dépôt avec le café, soit s’il est suffisamment tard, le pick-up devrait vous attendre directement au pied des escaliers. Tout comme à l’allée, ça secoue pas mal et le trajet a un peu des allures de grand-huit, on se retrouve vite de nouveau sur le parking principal.
Tarif pour accéder au sommet du temple
Si la zone basse du temple est libre d’accès, toute la partie supérieure est devenue payante. À partir de 2017, après 200 m de montée, s’ajoutait un droit d’entrée de 200 Bahts pour les étrangers, le pick-up étant alors à 80 bahts, cela portait la facture pour cette visite à 280 bahts. Cela faisait déjà une augmentation de presque x3 car en 2016, le temple était gratuit et seul le pick-up, alors à 100 Bahts était à payer.
L’augmentation est dû au prétexte que cette montagne fait partie d’un parc national (celui de Chae Son, à 15 km à vol d’oiseau au nord du temple). Et depuis ça a encore augmenté car à ce jour (mise à jour de 2023), vous avez droit à un package incluant le droit d’entrée au parc national, maintenant à 400 bahts, une taxe pour les étrangers de 55 bahts, des frais de maintenance de 25 bahts et une taxe censer servir la communauté locale de 10 bahts, soit un total de 490 bahts !
Se rendre au Wat Chaloem Phrakiat
Pour ce genre d’endroit plutôt isolé, le plus simple reste de s’y rendre par ses propres moyens. Il faut prendre la route 1035 depuis Lampang sur environs 60 km, le temple est normalement indiqué à une bifurcation au pied de la montagne, 5 km avant le parking.
C’est possible de s’y rendre depuis Chiang Mai, mais il faudra passer par une petite route coupant à travers une montagne et compter 120 km.
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Donadio Annie
Comme d’hab Romain super article qui donne envie de s’y aventurer.
C’est noté pour notre passage à Lampang en décembre.
Bonne journée
Romain
Merci Annie ! En fait j’avais déjà écris avant sur ce temple, mais suite au remaniement de mon article sur Lampang, j’ai décidé d’en faire un article dédié, un peu plus complet car ce temple est assez unique en son genre.
Hélène C
Bonjour Romain, merci pour votre site, très riche. Nous n’aurons pas de véhicule. Est ce possible d’y aller autrement ? ou de louer un taxi ou un véhicule pour 1 jour ? Merci d’avance
Romain
Bonjour,
ça devrait être possible de louer un taxi depuis Lampang, la ville la plus proche, en général, il faut compter dans les 2000 Bahts pour une journée de location. A supposer qu’ils connaissent l’endroit, vous devriez trouver des taxis près de la gare (de Lampang donc)