Wat Mahathat est sans doute le temple le plus connu des ruines d’Ayutthaya. C’était l’un des temples les plus importants du royaume d’Ayutthaya, comme le suggère justement son nom, qu’on peut traduire par « temple de la grande relique » (ce qui est donc un nom du coup courant, qu’on retrouve dans plusieurs temples du pays, notamment au parc historique de Sukhothai et Nakhon Si Thammarat pour ne citer que ces deux).
Son attraction vient de sa célèbre tête de Bouddha qui s’est retrouvée piégée par les racines d’un arbre de la Bodhi, arbre sacré en Thaïlande. Et il faut admettre que malgré la taille modeste, ce heureux hasard de l’histoire et de la nature, dénote et offre un spectacle atypique aux nombreux visiteurs curieux.
Situé sur l’île où se trouve l’essentiel de la vieille cité formant le parc historique, cet ancien monastère comprenais un immense prang central entouré d’un cloître, un imposant viharn principal ainsi qu’un ubosot (si vous n’êtes pas familier avec ces termes, je compte rédiger un page pour expliquer tout ça, stay tune). Comme pour beaucoup de temples en Thaïlande, on y trouvait également un certains nombre de chedis et de plus petits viharns subsidiaires.
Histoire du Wat Mahathat
Le temple a été fondé en 1374 par le roi Borommaracha I, 3e souverain à régner sur le nouveau royaume d’Ayutthaya. Il a été construit pour y abriter des reliques importantes de Bouddha et en faire le siège du patriarche, le « chef » des moines bouddhistes en Thaïlande. Un prang (chedi reprenant les codes architecturaux des temples hindous, notamment khmers), est alors érigé pour enchâsser les reliques de Bouddha. C’est alors l’un des plus grands à son époque approchant les 40 m, le tout posé sur une large base de 46 m.
Et si certaines sources établissent l’origine du temple à la fondation de la nouvelle cité comme capitale, dès 1350, ce qui reste sûr est que le roi Borommaracha I (r. 1370-1388) y fit d’importantes constructions, ainsi que son neveu et successeur, le roi Ramesuan (r. 1388-1395), qui agrandira le temple et lui donnera surtout son nom actuel, Wat Mahathat, le temple à la grande relique.
Le Wat Mahathat est alors le plus important temple de l’époque et représentait le centre du bouddhisme dans le royaume d’Ayutthaya. C’est également un temple royal, et de ce fait, il est construit à proximité du palais royal, aujourd’hui disparu. Les rois y ont célébrés ici des cérémonies importantes, comme la cérémonie royale de Kathin, où les membres de la famille royale distribuent de nouvelles robes pour les moines.
La ville étant construite autour de rivières et canaux (pour s’en rendre compte, jetez un œil au carrefour situé entre le Wat Mahathat et le Wat Ratchaburana voisin, vous y verrez les restes d’un pont), le sol était meuble et instable. Par conséquent, le prang central s’est effondré en 1631 lors du règne de Prasat Thong (r. 1629-1656), mais fut restauré dès 1633 et agrandi au passage, atteignant alors une hauteur de 50 m en comptant la flèche qui surplombe en général les prangs, symbolisant l’arme de Shiva (la structure en elle-même faisant 44 m de haut).
Lorsque les Birmans ont envahi et détruit en grande partie Ayutthaya en 1767, le Wat Mahathat a été incendié, le résultat donnant son aspect actuel au site. Ou presque… Car le prang central avait survécu cet affront, mais cela l’avait affaiblit et ce dernier s’effondra soudainement en 1904, peu après qu’une photo, datée vers fin 1903 – début 1904, l’immortalisait une dernière fois en entier. L’édifice finira de s’écrouler en 1911 mais la base sera restaurée par le département des Beaux-arts pour lui donner son aspect actuel.
Architecture du Wat Mahathat
Le plan du Wat Mahathat suit les concepts des anciens temples khmers d’Angkor au Cambodge. Des temples aux formes pyramidales symbolisant le Mont Meru, montagne mythique considérée comme l’axe du monde dans les mythologies persane, jaïne, bouddhique et surtout hindoue. Montagne à ne pas confondre avec le volcan Méru situé à Tanzanie (non loin du Kilimandjaro).
1- Le prang central et la galerie de bouddhas
Les temples comme le Wat Mahathat ont donc été construits pour symboliser la vision hindoue et bouddhiste de l’univers.
Le mont Meru est alors symbolisé par le prang central (n°1 sur la carte ci-dessus), posé sur une plate-forme surélevée au centre du temple, le centre de l’univers entouré d’océans. Le prang central est entouré de quatre plus petits à chaque coin de la galerie, qui entoure la structure principal. Sur le même principe que les temples Thaï contemporains, on trouvait d’innombrables images du Bouddha jalonnant la galerie, autrefois couverte d’un toit en bois et dont il ne reste aujourd’hui que des amas de pierres peinant à reconstituer ce qui fut autrefois le joyau du royaume.
2- Viharn Luang
Situé à l’Est du prang, ce grand hall de 40 m de long était la salle de prière principale des moines. C’est le bâtiment répertorié n°2 et indiqué « Main Vihara » sur la carte, vihara étant un terme sanskrit d’où est dérivé le terme Thaï utilisé de nos jours, Viharn. Son entrée est orienté plein Est pour faire face au lever de soleil tandis que l’autre côté est connecté au cloître.
On peut deviner les restes du piédestal en brique où se trouvait auparavant la principale statue de Bouddha, tandis qu’il ne reste qu’une seule colonne debout, des deux rangées originelles qui supportait le toit massif de ce bâtiment. Également survivant, avec l’aide d’une béquille en béton, un bout de façade subsiste, permettant de voir le style d’ouverture qu’avaient les temples de l’époque en guise de fenêtre (appelée « False Window » en anglais, je ne trouve pas de traduction exact mais je pense que le terme s’en rapprochant en français serait « fenêtre en meurtrière »).
3- L’Ubosot (salle d’ordination)
À l’opposé du Viharn, côté Ouest cette fois, se trouve la salle d’ordination (n°3 sur la carte). C’est là où les novices ont été ordonnés moines afin d’intégrer les rangs monastiques. On reconnaît la fonction de ce bâtiment, plus petit que le Viharn notamment, aux stèles entourant l’édifice.
Les autres structures du temple
On note la présence de nombreux chedis entourant l’édifice, dont ceux près de la fameuse tête (que je vous indique sur la carte). L’un deux, de forme octogonales est notable puisque plus rare. On trouve aussi plusieurs petits viharns secondaire, la plupart dont il ne reste que le socle, mais vous en trouverez un entier avec son toit, près de la porte Ouest.
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