Aujourd’hui, je vous emmène dans un lieu chargé d’histoire…. Et une histoire bien triste malheureusement puisqu’au cœur de toute la barbarie dont a su faire preuve les Khmers rouges. Alors en visite dans la capitale Cambodgienne, je rendais visite à la prison de Tuol Sleng, qui, avant d’être reconverti provisoirement, était un lycée.
Visite à la prison de l’horreur, S-21
S-21 était l’une des nombreuses prisons qui servaient à interroger et torturer les prisonniers du régime des khmers rouges.
Tuol Sleng signifie « la colline empoisonnée », pas difficile de comprendre pourquoi…
On est mis direct dans l’ambiance en apercevant les tombes des 14 derniers cadavres trouvés sur place lorsque l’armée Vietnamienne libéra Phnom Penh et fouilla les lieux.
Là, se trouve aussi un panneau affichant la régulation en vigueur du temps de cet enfer, c’est juste édifiant.
Aujourd’hui reconverti en musée pour témoigner de l’horreur du génocide commis entre ces murs et à travers tout le pays, je parcours en silence les couloirs, regarde dans un silence religieux les lits métalliques et pense à ceux qui ne sont pas ressorti vivant de là, y compris les 14 personnes dont on peut voir dans ces salles des photos illustrant brut de pomme ce que les Vietnamiens ont trouvés.
On estime qu’entre 15 000 et 20 000 personnes seraient entrées ici (dont 79 étrangers, la plupart étaient juste des touristes interceptés au large des côtes sud du pays alors qu’ils étaient de passage en croisière…), seules 200 personnes en seraient ressorties vivantes dont 7 étaient présentes au moment de la découverte des lieux…
Ce qui impressionne le plus à mes yeux ce ne sont pas ces salles vides, autrefois chargées de plus de 70 personnes allongées comme des animaux sur le sol, ce ne sont pas ces instruments et techniques de tortures exposés là, ni même les crânes, le poteau des pendus ou ces petites cellules individuelles improvisées en brique ou en bois, d’à peine 1,50 m de long pour moins d’1 m de large, non, (ça fait une longue phrase désolée), ce qui m’a le plus touché je pense, c’était ces successions de portraits, les victimes.
Chaque prisonnier était minutieusement répertorié dans un dossier avec notamment une photo. Parmi tous ces regards exposés nous dévisageant, on y voit de tout, jeunes, vieux, hommes, femmes, même des enfants, personne n’était épargne, parfois, on distingue même un sourire, à peine croyable…
J’ai visité toutes les salles, regardé chaque portrait comme une sorte « d’hommage » à ma façon, en tout cas en marque de respect. J’y passerai près de 2 heures.
Dans certaines salles, on trouve des infos sur les bourreaux et maîtres de cet épisode douloureux de l’histoire Cambodgienne. Certaines photos sont égratignées et n’ont pas résisté à la colère des nombreux Cambodgiens qui se sont rendus et se rendent encore à Tuaol Sleng afin de chercher la photo d’un membre de la famille disparu.
En revenant vers la sortie, j’étais interpellé par un vieux monsieur, un des survivants qui vient ici chaque jour vendre son livre. Chum Mey, son nom, a survécu grâce à ses compétences en tant que mécanicien (un autre a survécu grâce à son talent en dessin).
Je n’arrive pas à m’imaginer ce que ces gens ont pu endurer, au même titre que les lieux paraissent aujourd’hui si calme, si « propre », et peut être au final que l’horreur était telle que finalement c’est au delà de notre imagination.
Avez vous visité ce site ? Qu’avez vous ressenti ?