
Dernier jour à Varanasi. Ville éprouvante s’il en est, et pourtant… Comme un sentiment que cela ne suffit pas, qu’on a fait qu’effleuré l’essence même de ce qui caractérise cette ville si unique. Pas vraiment eu le temps de traîner dans ces petites ruelles bordant les nombreux ghats, mais une part de nous s’imagine que ce n’est que partie remise (spoiler, plus de 10 ans plus tard, on n’a même pas encore été remettre les pieds en Inde…).
Il est à peu près clair qu’on y reviendra, avec espoir que cela aura peu changé, car l’esprit de Varanasi n’évoluera certainement pas aussi vite qu’une ville comme Bangkok. Y’a de la marge vous me direz, on est tellement à des années lumières de là ! Et ce n’est de toute façon pas l’esprit de Varanasi, très orienté sur le spiritualité, loin du consumérisme de la capitale Thaïlandaise, on va pas se mentir.
C’est dernière journée démarre par une nouvelle cérémonie de mariage, et se poursuivra par un petit tour chez l’habitant, avant de faire une dernière « immersion » auprès d’un ghat.


Encore un mariage à Varanasi
Le matin de cette dernière journée à Varanasi, alors que nous approchions de la fin de ce court séjour en Inde (un peu comme si c’était une séance « d’initiation »), nous étions plus ou moins réveillés par des bruits de tambours, de la musique au pied de notre hôtel dans la rue à l’arrière-cour. Il ne nous en fallait pas plus pour aller jeter un œil voir ce qui se tramait. On a commencé à voir des gens danser et s’amuser, pas vraiment de doute, un mariage est en cours.
Du coup, on s’habillait et se préparait vite fait pour descendre et avant de suivre le groupe jusqu’à ce qu’une voiture les emmène plus loin. Dans un premier temps, ils dansèrent dans la rue en avançant un peu au fur et à mesure. Lorsque la voiture arriva, ils firent juste 100 m jusqu’à ce bout de rue avec son arbre qui empiète sur la dite rue.
Arbre auprès duquel se trouve un petit autel où les mariés firent des offrandes, sous le regard curieux des habitants du quartier, et les nôtres.

Deux jeunes spectatrices.
Invitation chez l’habitant : moment bizarre de gentillesse
Une fois le cortège parti, nous retournions à l’hôtel, car il était temps pour nous de plier bagage et rejoindre la gare. Comme nous n’étions pas en retard non plus, et alors que nous revenions vers notre hôtel, on est alpagué par un habitant qui nous invite explicitement à venir passer dans sa maison juste à côté. D’abord réticent, on fini devant son insistance par accepter.
Moment bizarre, je reste dans mon idée déjà faite qu’il allait demander de l’argent à un moment donné (après l’expérience de l’orphelinat à Bodhgaya est encore dans un coin de ma tête, d’où la méfiance…)



Sachant que le monsieur parle pas beaucoup anglais, y’a pas mal de moment de « flottement ». Ce dernier nous propose alors à boire, sûrement fraîchement pompée au puits d’à côté ce matin… Je suis trop parano pour boire à pleine goulée…On boit un peu pour pas frustrer… mais je cale discrètement le verre dans un coin, le temps de voir ce qu’il veut nous montrer. Car oui, en tant que tel, je me dis, s’il nous fait venir ici, il va forcément nous vendre un truc à un moment donnée…
Méfiance quand tu nous tiens…
Et pourtant non. Il va même demander à son gamin d’acheter des petits gâteaux dans l’épicerie voisine et moi, méfiant jusqu’au bout, ferais semblant de le manger discrètement. Je ne saurais dire pourquoi mais je suis un peu déboussolé face à cette gentillesse « gratuite » et soudaine… Je m’attendais plutôt à me faire droguer puis dépouiller… Ça peut paraître bête, mais c’était ma façon de penser à ce moment précis.
Son fils et sa fille, nous firent une petite démo de danse, devant le grand-père et la mère réunis là (comme je m’y attendais pas, j’ai rien filmé, juste véu dans l’instant…). Alors que nous devions concrètement partir, car il était cette fois temps d’aller à la gare, je restais encore surpris lorsqu’on nous laissait simplement partir, sans rien nous demander en retour…
Je cache pas que je me sentis un peu con face à ma « paranoïa », même si on le saura jamais, mais peut être qu’il a juste pas osé…
Mais de mon ressenti au final, je dirais que oui, cette expérience montre, et heureusement, qu’en Inde il peut aussi y avoir des gens simplement heureux de pouvoir partager un petit moment particulier avec des voyageurs venus d’ailleurs, d’une autre culture, simplement un échange fait de curiosité et de chaleur humaine, ce qu’on appelle communément l’hospitalité.

Je laisse le gamin immortalisé l’instant, malheureusement c’est flou et j’ai pas vérifié sur le moment… Pas grave, l’essentiel est là. Notre hôte à gauche avec son beau-père et sa femme en arrière plan.
Dernier détour au bord d’un ghat
Après ces moments de rencontres, il était temps cette fois de revenir à l’hôtel récupérer les bagages (pour rappel, c’était le Rahul Guest House), qui nous avait gardé nos sacs alors que nous avions dû libérer la chambre plus tôt.
On commence à marcher dans la rue rejoindre l’artère avec plus de trafic, avec nos gros sacs sur le dos, dans l’idée de chopper un tuk tuk pour nous amener à la gare de Varanasi. Sauf qu’une fois dans la rue… pas de tuk tuk à l’horizon ! Seuls quelques rickshaws, ces tricycles opéré à la force des jambes, sont présents, mais on a peur d’être un peu à l’étroit avec nos sacs (et trop lourd surtout).
Un bonhomme d’un certain âge, au visage quelque part gracieux (en tout cas, très photogénique), nous fait alors un large sourire, pour nous faire comprendre qu’il est prêt à nous emmener. Au début, je lui explique juste qu’on va trop loin (la gare n’est pas à côté en effet), bien que je ne sois pas sûr qu’il comprenne vraiment…
Alors qu’on continue de marcher, toujours bien chargé, il nous suivait plus ou moins de près… Et le poids de nos bagages lui donnera raison, puisque ne trouvant toujours pas de tuk-tuk, on se décidait finalement à utiliser ses services. Il arriva à nous caler nos sacs sous nos pieds et c’était parti, vu la charge, j’avais un peu de peine pour lui, mais au moins, il avait des clients et semblait ravi !
Arrivé au centre-ville, Jitima voulait faire quelques photos au niveau d’un ghat. Du coup, on quittait notre super rickshaw et pour ne pas le retenir, on le laissait partir en pensant cette fois choper un tuk tuk. On ira vite fait visiter le ghat en question, on y croisait là de jeunes mariés en cours de cérémonie, encore une fois, mais avec mes 20 kg sur le dos, c’était pas vraiment une partie de plaisir pour circuler dans les parages.
Alors on abrégea la séance photo et on repartit vers la petite place par où nous étions arrivés quelques minutes plus tôt.
Dernier train pour Calcutta
Et finalement, faute de tuk tuk (décidemment), on a du reprendre un rickshaw, qui nous emmenait direct à la gare sans encombre. Arrivé la gare de Varanasi, y a toujours une foule pas possible. Mais c’est super photogénique. Y’a un mélange de couleurs, de visages, de scène de vie aussi banale qu’insolite, voire triste, comme ces collecteurs qui ramassent les (nombreux) déjà plastiques qui traînent entre les rails de la gare, pour ensuite les revendre moyennant quelques roupies…


Cette fois-ci, le train que l’on doit prendre est bien annoncé et arrive à l’heure. Le service est agréable, je tiens à le dire. De plus, avec seulement 4 couchettes par cabine en seconde classe (séparés du couloir par des rideaux), l’espace reste suffisamment « intime ». J’étais pour ma part à l’étage tandis que Jitima se retrouvait dans les couchettes du couloir.
Sur le même principe que les trains de nuit en Thaïlande, un employé de la compagnie ferroviaire vient passer donner les draps et coussins avant l’heure de dormir. Et le trajet dans les couchettes de nuit se passa sans problème.
Pas de ronflements, impeccable : Incredible India ! Calcutta, nous re-voilà !




Laurent
Il a une bonne bouille ton gentil rickshaw. La photo est de plus très réussie. Ça peut assez facilement devenir un peu tendu avec les rickshaws si la négociation sur le prix se fait trop âpre. Mais plus d’une fois, on tombe aussi sur un gars adorable et tout sourire, malgré le dure labeur qui est le sien.
Romain
Merci, oui en effet il avait une bouille bien sympathique, le genre de gars à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession. Avec lui c’était tout en finesse, rien dit, sans faire son boulet, juste avec son sourire il a fini par avoir ses clients !
Aurélien @ blog de voyage
Très bon billet et tes photos sont magnifiques.
Elles reflètent bien la ville de Varanasi et sa constante agitation!
Romain
Merci ! Varanasi a ce côté fascinant où la vie et la mort se côtoient, mais c’est effectivement d’avantage une ville grouillante de vie et comme tu dis, plutôt agité (même si c’est générale à l’Inde je dirais)